Dominique Bourel: le judaïsme allemand en mémoire

Dominique Bourel
Dominique Bourel - Samuel B. Blatchley
Dominique Bourel - Samuel B. Blatchley
Dominique Bourel - Samuel B. Blatchley
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Directeur de recherche au CNRS et du Centre de recherche français de Jérusalem, Dominique Bourel est un passionné des grandes figures intellectuelles du judaïsme allemand du XVIIIe et du XIXe siècle. Il publie une biographie du penseur juif Martin Buber à qui il a consacré vingt ans d’étude.

Dominique Bourel est généralement un narrateur en retrait. Il explique : « Quand vous faites un livre sur Moses Mendelssohn ou un livre sur Martin Buber, si les gens le lisent, ce n’est pas pour savoir ce que pense Bourel ou qui est Bourel. Il ne faut pas mélanger les genres. »

Français né en Allemagne et fils d’« eurocrate », Dominique Bourel a baigné dans un univers très multiculturel. Il se souvient également de l’omniprésence des livres : « J’ai eu une enfance tout à fait extraordinaire. Dans un milieu d’imprimeurs et de papetiers. La famille de ma mère vient des papiers Lafuma et (…) la famille de mon père avait une imprimerie aussi, donc il y a toujours eu beaucoup de livres à la maison. (…) J’ai été élevé dans une culture très ouverte, catholique, française, un peu provinciale... »

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Il se rappelle ses années d’études qu’il commence en France à la Sorbonne, et poursuivra en Allemagne à Heidelberg puis aux Etats-Unis : «J’ai voulu partir à l’étranger le plus vite possible pour continuer mes études. » Il se souvient de Hans-Georg Gadamer, un de ses enseignants spécialiste de Hegel. Un jour, de retour de congrès, il lui fait part de ses projets personnels : « Je lui dis : je vais traduire la ‘’Phénoménologie de l’Esprit’’ de Hegel. (…) ll me regarde et me dit : mais c’est une très bonne idée. Vous avez bien raison ! Puis il ajoute : mais pour traduire la phénoménologie de l’esprit de Hegel, il faudrait l’avoir comprise. Or qui d’entre nous peut affirmer quelque chose comme ça ? »

Dissuadé de s’attaquer à une tâche si prométhéenne, Dominique Bourel s’intéresse aux autres penseurs de cette même époque, la pensée juive allemande. Martin Buber, Moses Mendelssohn, autant d’auteurs qui participent d’une véritable floraison intellectuelle, qui se terminera avec le régime national socialiste allemand et la catastrophe humaine qui s’en suivit.

La manière de Dominique Bourel sera au contraire de leur rendre hommage et de célébrer cette vitalité passée : «Moi je m’intéresse plutôt aux juifs heureux. (…). Nous connaissons la fin de l’histoire. Mais pour une histoire, ce n’est pas le problème. Ça a été une efflorescence culturelle, une génialité, une prodigalité, un génie du judaïsme, précisément dans sa partie allemande et c’est à ça que j’ai consacré ma vie… »