Emma Dante et son "théâtre de la discorde"

Emma Dante en 2013.
Emma Dante en 2013. ©Getty - Stefania D'Alessandro
Emma Dante en 2013. ©Getty - Stefania D'Alessandro
Emma Dante en 2013. ©Getty - Stefania D'Alessandro
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Laure Adler s'entretient avec Emma Dante, comédienne, dramaturge et metteur en scène italienne.

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Laure Adler s'entretient avec Emma Dante, comédienne, dramaturge et metteur en scène italienne

Elle n'allait jamais au théâtre dans son enfance. "J'ai grandi un peu dans la rue" . C'est grâce à l'école  et à une visite du théâtre grec de Syracuse, qu'elle aura "le coup de foudre"  pour cet art.

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Ce qui m'attire ce sont ceux qui sont différents, ceux qui reflètent les tabous. Où j'habite, en Sicile, il y a encore beaucoup de tabous. Ecrire des histoires m'aident à comprendre pourquoi ils n'arrivent pas à disparaître. Petit à petit grâce à mon théâtre, même ma famille a appris à regarder les choses d'une autre manière. 

Elle évoque la mafia, expliquant qu'elle exerce son pouvoir avant tout à cause des mentalités. "Le théâtre est un moyen de réfléchir sur le mal-être de la société. C'est pour cela que j'essaye d'écrire des histoires réelles, vivantes." Emma Dante parle de Pasolini  : "Il a écrit et dit des choses qui ont changé l'histoire". 

Des deuils dans sa famille transforment la comédienne qu'elle était en dramaturge et metteur en scène. "Je pense que les artistes sont toujours en train de s'interroger sur la question de la mort  (…) parce qu'on n'y apportera jamais de réponse" . La réalité et l'imaginaire sont au même niveau. "Je ne fais pas un théâtre documentaire. Je pars de la réalité, mais j'essaye toujours de raconter des fables. Seuls les acteurs représentent le paysage de ce que l'on voit". "Pas de décors, rien que des corps" imparfaits , des comédiens qui doivent devenir "enfants, idiots et animaux" . Il faut laisser de coté la honte et la culpabilité. "Le théâtre que nous faisons peut aussi représenter une expiation".  Elle évoque encore Pina Bausch, le corps  comme "champ de bataille" , l'individualité "qui naît du travail de groupe", sa volonté de "brouiller les identités sexuelles", la condition féminine  : son théâtre est un "théâtre de la discorde" , sans chercher "la provocation facile". 

L'entretien se termine sur son récent film Palerme, véritable réflexion sur la ville. "Mon parcours en tant qu'artiste est celui d'une artiste qui n'arrivera jamais à la fin de son parcours . Parce que pour moi ce qui compte le plus c'est  le parcours…"

A l'affiche du théâtre du Rond-Point pour "Le Sorelle Macaluso", du 14 au 25 janvier 2015.

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