Romeo Castellucci

Romeo Castellucci au Festival d'Avignon en 2012
Romeo Castellucci au Festival d'Avignon en 2012 ©Getty -  Jean-Marc Zaorski/Gamma-Rapho
Romeo Castellucci au Festival d'Avignon en 2012 ©Getty - Jean-Marc Zaorski/Gamma-Rapho
Romeo Castellucci au Festival d'Avignon en 2012 ©Getty - Jean-Marc Zaorski/Gamma-Rapho
Publicité

Romeo Castellucci est un metteur en scène incontournable de la scène théâtrale contemporaine. Jouant avec la matière théâtre, il pose la question centrale de la tragédie en explorant son impossibilité, tout en interrogeant aussi notre propre regard de spectateur, de regardeur.

Avec

Nourri aussi bien par l’histoire de l’art que par la philosophie, le théâtre de Romeo Castellucci ne laisse jamais indifférent. Son travail sur l’essence de la tragédie, le pouvoir de l’image ou encore l’importance du son a fait de lui un metteur en scène reconnu pour sa capacité à repenser l’expérience théâtrale.

Né à Cesena, dans la région de Bologne en Italie, Romeo Castellucci passe son enfance dans un petit village, « au milieu des animaux » . Son adolescence s’inscrit dans une certaine *« normalité, voire une banalité. » * Il commence à étudier l’agronomie avant de comprendre que ce n’est sans doute pas sa voie. Et puis un jour, il découvre l’histoire de l’art. Grâce à sa sœur qui rapporte des livres d’art à la maison : « J’ai compris que c’était cela la chose la plus intéressante au monde » .

Publicité

Romeo Castellucci découvre aussi le théâtre : il assiste notamment à des spectacles de Carmelo Bene de passage à Cesena, rencontre importante qui le marquera profondément dans son parcours théâtral. Nourri par les textes d’Antonin Artaud, il fonde en 1981, aux côtés de sa sœur Claudia Castellucci, la compagnie Socìetas Raffaello Sanzio, qui s’emploie à expérimenter les possibilités de l’expression théâtrale.

C’est le début d’un parcours qui, tout en puisant dans les textes de Shakespeare ou ceux des tragiques grecs, la philosophie de Spinoza, l’iconographie religieuse, la peinture de Rothko ou même le monumental Dante dont il a adapté La Divine Comédie  en 2008 au Festival d’Avignon, tentera de proposer un théâtre posant la question de l’image : « Quelle valeur peut avoir une image ? Comment représenter l’irreprésentable ? »  C’est une question qui le préoccupe depuis des décennies, aussi bien dans Sur le concept du visage du fils de Dieu  (2011) ou Go Down, Moses  (2014). « L’image ce n’est pas une illustration : c’est un appel. Dans chaque image, il y a une forme de combat, une forme d’interdiction qu’il faut surmonter pour regarder. Chaque image est difficile… »

Si le théâtre est un art de la représentation, c’est aussi souvent un art de la parole : « Quand un être parle, il peut y avoir des intentions cachées […]. En même temps le langage est l’unique chose que l’on a pour être ensemble. C’est une forme de maison, un abri. »  Cette recherche du « comment dire » est par exemple au cœur de l'opéra Moses und Aron de Schönberg, que Romeo Castellucci met en scène en 2015, et qui s'interroge notamment sur l'impossibilité de transmettre la parole.

Le théâtre, explique Romeo Castellucci, est né dans la communauté humaine. « Il s’agit d’un artifice capable, pour un instant, de suspendre la réalité. On peut suspendre la réalité si on est capable de produire du réel. »  Le théâtre comprend donc une part de danger. « L’art, c’est l’unique langage humain qui peut doubler la vie. »  Mais le théâtre n’est pas un objet, « c’est comme un feu, qui pénètre dans le corps du spectateur. Et c’est la mémoire du feu qui reste… »

  • Musique diffusée

Extrait de Moses und Aron  d’Arnold Schönberg, mise en scène de Romeo Castellucci, interprété par l’Orchestre de l’Opéra de Paris dirigé par Philippe Jordan, Opéra Bastille, 2015

L'équipe