Serge Rezvani : "Je suis revenu à une écriture sans description"

Serge Rezvani à Paris le 6 Octobre 2015.
Serge Rezvani à Paris le 6 Octobre 2015. ©AFP - JOEL SAGET
Serge Rezvani à Paris le 6 Octobre 2015. ©AFP - JOEL SAGET
Serge Rezvani à Paris le 6 Octobre 2015. ©AFP - JOEL SAGET
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Laure Adler reçoit Serge Rezvani. Il raconte son parcours artistique à la fois peintre, écrivain et musicien, comment il passe de l'un à l'autre. Toujours en quête du féminin à travers l'art et dans sa vie, il évoque les deux femmes qui ont tant compté pour lui, l'artiste Lula et Marie-José Nat.

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Serge Rezvani, écrivain et compositeur, est l'invité de "Hors-champs". A la question de savoir s'il est bien né garçon, il propose une réponse tout en perplexité, "sur un plan philosophique, je pense que nous naissons plus féminins que masculins et qu'on nous formate masculins". Il raconte sa mère très possessive, mais elle est morte très jeune et son père, un être fantasque qui a inventé une forme de magie, a créé un théâtre et a même été danseur dans les Ballets russes, "c'est un personnage très spécial". 

Il pense bien avoir plusieurs vies et il espère qu'il lui en reste encore une ou deux, "je suis une petite civilisation à moi seul", se plaît-il à formuler. Il a écrit plus de cent-cinquante chansons qui ont voyagé à travers le monde et il en dit "c'est mon journal chanté". Chaque nouvel événement de sa vie est évoqué dans une chanson comme pour en garder "la trace". Il parle alors de la chanson inoubliable du film Jules et Jim, "Le tourbillon de la vie", qui "continue à vivre", c'est une chanson qui lui "a échappé". Il fait l'éloge de la fuite, ce qui demande d'être très libre d'esprit. 

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"J'ai été peintre pendant vingt ans de ma vie, d'une manière quasiment mystique et les marchands sont arrivés et ont introduit toute une autre vision de l'art, de l'esthétique". Maintenant, s'il continue à peindre, ce sont comme des "parenthèses" dans ses moments d'écriture. Il se revendique autant peintre qu'écrivain que musicien.

Je n'aime pas garder les choses et les tableaux commençaient à me peser énormément. J'ai commencé à écrire des chansons pour mon plaisir, pour le plaisir de mes amis, j'avais des amis autour de moi merveilleux. Il s'est trouvé que mes chansons se sont greffées sur la Nouvelle Vague, sans que je sois un homme de cinéma. Et ça a été pour moi le passage vers une détente par rapport à la peinture qui m'enfermait. C'était mon grand problème intérieur entre le peindre et le dépeindre, entre la peinture et l'écriture. Entrer dans l'écriture par les chansons a été un choc immense et merveilleux, une libération, une aération.

Serge Rezvani, grand amoureux, raconte sa rencontre essentielle avec sa femme, Lula, dont il dit "j'étais aussi elle, qu'elle était moi". Ils étaient  dans une confusion des sexes, toujours prêt à célébrer le féminin dans ses peintures et ses écrits. Puis au bout de 50 ans de vie entrelacée, Lula est atteinte de la maladie d'Alzheimer pendant dix ans. Son livre L'éclipse parle de ceux qui accompagnent les malades car "ce n'est pas une maladie, c'est la maladie de celui qui accompagne". Il dit combien c'est dur pour celui qui reste "de maintenir en élégance l'être qui se dégrade". Il a repris sa vie en main grâce à sa nouvelle compagne, la comédienne Marie-José Nat.

Il conclut l'entretien par un éloge du féminin et se décrit comme "un réactionnaire" face au féminisme. Il fait part du "mystère", du "divin" de la femme à travers son utérus. "L'homme n'est pas mystérieux, il est dans l'action, la destruction, la conclusion". Il n'a jamais voulu être père et s'en explique.

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