Tiago Rodrigues : "Je me comprends comme Européen, je ne peux pas me limiter à être Portugais"

Tiago Rodrigues à Avignon le 5 juillet 2021.
Tiago Rodrigues à Avignon le 5 juillet 2021. ©AFP - Nicolas Tucat
Tiago Rodrigues à Avignon le 5 juillet 2021. ©AFP - Nicolas Tucat
Tiago Rodrigues à Avignon le 5 juillet 2021. ©AFP - Nicolas Tucat
Publicité

Le metteur en scène Tiago Rodrigues est l'invité de Laure Adler. Il dirige le Théâtre national de Lisbonne et le Portugal est son port d'attache, un ancrage essentiel pour lui mais son espace de travail s'étend sur tout le continent. Si le théâtre fait partie de son identité, peu importe le lieu.

Avec
  • Tiago Rodrigues dramaturge, metteur en scène, et directeur du Festival d’Avignon

Pour commencer ce "Hors-champs", Tiago Rodrigues évoque avec émotion la figure aimante de sa grand-mère qui a beaucoup compté dans son enfance et il raconte qu'"il y avait toujours la nourriture à côté des mots". Il parle aussi de l'héritage de ses parents tous les deux engagés à gauche contre la dictature de Salazar. Lui est né trois ans après la Révolution des Œillets mais il a toujours vu ses parents s'indigner et continuer à protester, "pour ne pas laisser mourir cette démocratie". 

Profondément Européen, il a commencé à travailler avec des Belges, il est connu en France et peut travailler partout sur le continent mais il affirme : "J'ai choisi de ne pas émigrer." Tout en se considérant comme un "nomade", il est attaché à ses racines, à un lieu, à une langue.  Il a besoin de revenir régulièrement au Portugal. Mais aussi il se refuse catégoriquement à devenir un "représentant du Portugal" quand il s'exprime.  S'il devait définir les Portugais, il dit ressentir un sentiment d'incomplétude chez eux, qui les pousse vers "l'ailleurs", qui est la source de "l'énergie impromptue" qui existe dans ce peuple. 

Publicité

Il y a une idée d'Europe qui échappe aux institutions européennes pas seulement politiquement mais aussi philosophiquement, culturellement. Le grand problème ce sont les institutions européennes qui ne sont pas représentatives des peuples d'Europe. Il faut combattre ce déficit démocratique. Il est à la source de cette hésitation parfaitement honteuse envers les réfugiés. C'est presque nier toute notre histoire récente.

En tant que directeur du Théâtre national de Lisbonne, il a cette exigence de faire vivre la culture, de penser en tant qu'artiste à l'avenir du pays, et rajoute-t-il, "j'essaye d'être heureux en le faisant". Il a la volonté de rendre service au public et aux artistes tout en restant "passionné" sinon ce n'est pas la peine de rester à ce poste. "Diriger ce théâtre [Théâtre national de Lisbonne] c'est pratiquer de la politique culturelle."

Le théâtre est une partie de mon identité, mais pas tellement le lieu où je travaille, ni même le travail que je fais, mais c'est l'idée de théâtre, l'amour du théâtre qui est plutôt au centre de mon identité.

L'équipe