Bénédicte Savoy, arts et imaginations

Au musée du Quai Branly à Paris, grandes statues du royaume du Dahomey (1890-1892)
Au musée du Quai Branly à Paris, grandes statues du royaume du Dahomey (1890-1892) ©AFP - GERARD JULIEN
Au musée du Quai Branly à Paris, grandes statues du royaume du Dahomey (1890-1892) ©AFP - GERARD JULIEN
Au musée du Quai Branly à Paris, grandes statues du royaume du Dahomey (1890-1892) ©AFP - GERARD JULIEN
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Si on imagine que l'art est la beauté, à qui appartient-elle ? A tout le monde ou à ceux dont les ancêtres l'ont produite ?

Avec
  • Bénédicte Savoy Historienne de l’art à l'université technique de Berlin, elle est l'auteur avec Felwine Sarr du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain.

La culture comme le sang qui fait vivre une société.

Bénédicte Savoy est une historienne de l'art, professeure au Collège de France, détentrice de la chaire d'Histoire culturelle des patrimoines artistiques en Europe du XVIIIeme au XXeme siècle. Elle enseigne aussi l'histoire de l'art à l'Université Technique de Berlin. En mars 2018, la présidence de la République française lui a confié une mission d'étude, avec le Sénégalais Felwine Sarr, sur la question des restitutions, temporaires ou définitives du patrimoine africain, ramené en France pendant les colonies.
Quatrième invitée d'Alain Prochiantz pour ses entretiens sur l'imagination, c'est donc principalement d'imagination dans l'art et d'appropriation culturelle qui sont les thèmes de cette discussion. 

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L'appropriation culturelle est toujours multiple, c'est plusieurs voix au même moment qui parlent ou font parler des objets. Et le charme ou l'intérêt de cela c'est quand toutes ces voix se mettent ensemble à travers les temps et que ces objets servent d'objets de transferts. Après on a des amalgames de sens, de projections identitaires. Mais cela ne peut arriver que si tout le monde a accès à ces lieux. 

Elle avance que l'imagination dans l'art est en construction et que parce qu'il l'est, il faut imaginer de nouveaux modus vivendi, notamment avec les musées. 

Comment imaginer aujourd'hui, malgré ces décennies, ces siècles d'évidences, d'universalité des musées, de leur richesse et de ce qu'ils nous font de bien, comment mettre l'imagination au cœur du patrimoine pour que les choses soient peut-être moins injustes dans la répartition et l'accès à la culture ?

De même, elle voit une libération dans l'imagination depuis un certain temps, où les imaginations individuelles prennent le pas sur les imaginations institutionnelles.

Souvent les musées se voyaient comme une institution qui donnait le sens aux objets, expliquait comment il fallait le voir, le penser...

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