Crise écologique et quasi indifférence: sommes-nous amnésiques?

Jardin partagé "le centre de la Terre", square Jules Verne, à Paris.
Jardin partagé "le centre de la Terre", square Jules Verne, à Paris. ©Radio France - Clémence Allezard
Jardin partagé "le centre de la Terre", square Jules Verne, à Paris. ©Radio France - Clémence Allezard
Jardin partagé "le centre de la Terre", square Jules Verne, à Paris. ©Radio France - Clémence Allezard
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Biodiversité en grand danger, dérèglement climatique... Pouvons-nous expliquer l'inertie - relative selon certain.e.s - face à la crise écologique par notre "amnésie environnementale"?

Avec
  • Anne-Caroline Prévot Directrice de recherche au CNRS, chercheuse au Cesco au Muséum d’histoire naturelle.

De génération en génération, nous grandissons dans un monde où la nature est de plus en plus dégradée. Cela peut-il expliquer une certaine insensibilité à la destruction de la biodiversité et aux constats mêmes alarmants en matière de dérèglement climatique?

C'est en tout cas une piste de réflexion, suggérée par le psychologue de l’environnement Peter Kahn, à l’origine de ce concept d’amnésie environnementale… que la philosophe Cynthia Fleury et l’écologue Anne-Caroline Prévot ont repris et étayé dans leur récent ouvrage Le Souci de nature.

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Nous avons rencontré Anne-Caroline Prévot, chercheure au CNRS et au Muséum d’histoire naturelle dans un jardin partagé de Belleville : « le Centre de la Terre », qui comme son nom l'indique un peu, se trouve dans le square Jules Verne dans le XIe arrondissement de Paris. Un ilot de verdure et de culture dans un milieu urbain très dense, et un moyen pour les citadins, nous dit-elle, de retrouver une « expérience de nature ».

L'amnésie environnementale, ou l'extinction de notre expérience de nature

Cette amnésie environnementale repose donc sur une « extinction de notre expérience de nature », une autre hypothèse originaire des Etats-Unis, émise cette fois par l’écologue Robert Pyle dans les années 50. Mais comment prouver cette hypothèse sinon en interrogeant nos représentations mentales de la nature au fil des générations ?

Anne-Caroline Prévot a ainsi regardé 70 long-métrages d'animation de l'historique studio Walt Disney de Blanche-Neige en 1937 à Raiponce en 2010, afin d'interroger comment, au fil du temps, les dessinateurs avaient imaginé, représenté les paysages extérieurs. Interroger ainsi, non pas les messages explicites des films mais les représentations de la nature, sur plusieurs générations.

Comparons, par exemple, Les Aristochats (1970) et Le Bossu de Notre-dame (1996), deux films d'animation qui ont pour décor Paris: Dans le premier, la capitale est arborée, dans le second, elle n'a plus du tout de végétation.

Le message explicite du film Wall-e (Disney - Pixar) est très écologique, mais il n'y a qu'une seule espèce animale représentée. Une blatte (et non un criquet comme annoncé dans le reportage). Et pour cause, la planète est dévastée.

Affiche du film d'animation "Wall-e" des studios Disney Pixar
Affiche du film d'animation "Wall-e" des studios Disney Pixar
© Radio France

Les citadins sont-ils insensibles aux questions écologiques?

D'élection en élection, on remarque que c'est en ville que l'on compte le plus d'électeurs sensibles aux problématiques environnementales. Autre exemple, aux Etats Unis, plus on vote Républicain, moins on a de chance d’être sensible au dérèglement climatique. Vivre en ville et être conscientisé.e.s, ce n'est donc pas contre-intuitif, mais tout est questions de normes: sociales, culturelles, ou politiques.

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