Le bateau "Defend Europe" veut empêcher les migrants de traverser la Méditerranée

Des personnes affiliées au groupuscule politique Jeunesses Identitaires déploient une banderole face au rassemblement, organisé le 8 avril 2009 à Lyon, pour demander la suppression du "délit de solidarité" avec les sans-papiers.
Des personnes affiliées au groupuscule politique Jeunesses Identitaires déploient une banderole face au rassemblement, organisé le 8 avril 2009 à Lyon, pour demander la suppression du "délit de solidarité" avec les sans-papiers. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
Des personnes affiliées au groupuscule politique Jeunesses Identitaires déploient une banderole face au rassemblement, organisé le 8 avril 2009 à Lyon, pour demander la suppression du "délit de solidarité" avec les sans-papiers. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
Des personnes affiliées au groupuscule politique Jeunesses Identitaires déploient une banderole face au rassemblement, organisé le 8 avril 2009 à Lyon, pour demander la suppression du "délit de solidarité" avec les sans-papiers. ©AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
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C'est au nom de l'humanitaire que des identitaires veulent prendre la mer. Pour empêcher les migrants de réussir leurs terribles traversées. Pour "remigrer" l'Afrique en les "raccompagnant" vers les côtes libyennes. Defend Europe est aussi une initiative qui a permis de lever près de 80 000 euros.

"Invasion" et "Remigration"

Leur initiative se diffuse efficacement sur les réseaux sociaux. Defend Europe rassemble plusieurs groupes d’extrême droite. Parmi eux, Rebeyn, un groupe d’identitaires lyonnais. Mais on y trouve aussi des autrichiens, des allemands, des italiens. Leurs vidéos clament qu'il faut stopper les migrants en Méditerranée, pour "remigrer" l'Afrique et protéger l'Europe de "l'invasion". Si les thèmes de l'extrême droite sont classiques, de même que la propagande sur les réseaux sociaux, l'appel au passage à l'acte l'est beaucoup moins. Fréderic Potier, délégué interministériel à la DILCRAH (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT) a fait un signalement au parquet de Paris il y a quelques semaines :

"Ces groupes ne sont pas du genre à lâcher comme ça, et nous continuons de les surveiller de près."

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Un projet pour "aider les migrants en détresse"

D'après les messages diffusés sur leur site internet ainsi que sur la chaîne youtube, il s’agirait, à l’aide d’un navire affrété par les identitaires, de répondre aux appels à l’aide des embarcations de fortune. Une fois les personnes en détresse localisées, les identitaires raccompagneraient les migrants vers les côtes africaines avec l'aide des gardes-côtes libyens. Sophie Baud, directrice de la branche française de SOS Méditerranée qui mène des opérations de sauvetage à bord de l'Aquarius, dénonce un discours mensonger :

"Il ne s'agit pas de sauvetage. (...) Ils parlent de collaborer avec les "gardes-côtes libyens", mais ce que nous voyons nous sur le terrain, c'est que ces personnes qui se prétendent garde-côte mettent en danger les embarcations de fortune, rackettent, et remettent les migrants qu'ils repêchent dans le circuit des violences en Libye."

Un projet financé grâce aux cagnottes participatives

Pour acheter leur bateau, les identitaires ont lancé une première cagnotte via le système Paypal. Suite à une forte mobilisation des internautes sur les réseaux, le site a fini par geler les fonds récoltés le 12 juin dernier.

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Mais les identitaires affirment avoir récupéré une partie des fonds. Une nouvelle cagnotte s'est ouverte sur le site américain WeSearch, et atteint presque les 90 000 $, soit près de 10 000 $ de plus que ce qui était demandé aux contributeurs. De quoi proclamer dans une vidéo sur leur chaîne Youtube que le bateau est acheté, et qu'il n'y aurait plus qu'à le mettre à l'eau. Des photos du navire nommé Le Suntaa circulent sur internet, et affirment qu' il mouillerait à Djibouti. Tout cela reste au conditionnel, car aucune enquête n'a été officiellement ouverte par le parquet de Paris pour le moment. Reste à savoir si les identitaires iront jusqu'au bout de leur projet, ou s'ils emploieront leurs euros récoltés à d'autres initiatives.

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