Épisode 8/6 : Roses et commentaires, Jasmin / REDIFFUSION du 21.04.16

Mais non, dans l’atelier on usine, on prend à pleines mains les violettes aussi bien que l’écorce, le lierre ou les terres. On accroche des extraits de paysage, des scarifications de l’enfance, quelques épines.. Franck Delorieux est bien plus qu’un poète en fleurs.

L’écriture ici joue entre deux balancements : la prose ou les cadences. Prose comme un fil tenu, experte du souffle. Cadence comme un répertoire chantant. Chaque sujet est issu de notes prises, relues puis concentrées, selon les préceptes du Professeur Ponge. Chaque fleur est faite d’émotions sélectionnées, d'allusions mentales renvoyées vers des images. Ensemble tressé, ou dressé dans son art d’écriture. Folâtrant enfin entre murmure et déclaration.

Est-il besoin de redire l’aspect casse-gueule de l’opération ? La poésie florale, vous le savez, contient en boutique toutes les gammes et fadaises possibles, L’usure depuis Ronsard a pu figer la rose (alexandrin). Notre choix s’est fait d’alterner des fleurs officielles avec des brutes attirantes.

Feuilleter les recueils n’est pas se recueillir mais se propulser, accélérer le tournis pour au bout du compte ensemble, effeuiller à discrétion. Passionnément, pas du tout... En boutons de roses cela donne des vapeurs poétiques auxquelles adjoindre les effervescences écologiques actuelles faites d’engagement. La fleur n’est plus toute innocence. Autour des lauriers Delorieux tourne une myriade d’insectes constructeurs. Souhaitons que ces planches se fassent entendre (elles sont des voix) et avec elles les publications de Franck Delorieux.

Franck Delorieux est membre du comité de rédaction des Lettres françaises, directeur de collection au Temps des cerises et photographe.

Textes extraits de "La fabrique des Fleurs" éditions Galilée

Précédents livres : Roger Vailland, libertinage et lutte des classes et Ils (éditions Le temps des cerises).