Retraites : semaine à haut risque pour le gouvernement

Jean-Paul Delevoye, ex-haut-commissaire à la réforme des retraites
Jean-Paul Delevoye, ex-haut-commissaire à la réforme des retraites ©AFP - JOEL SAGET
Jean-Paul Delevoye, ex-haut-commissaire à la réforme des retraites ©AFP - JOEL SAGET
Jean-Paul Delevoye, ex-haut-commissaire à la réforme des retraites ©AFP - JOEL SAGET
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La trêve ou la grève ? Voici résumé la nouvelle bataille dans la bataille contre la réforme des retraites. Ou quand gouvernement et syndicats se renvoient désormais la responsabilité d'une possible annulation du réveillon de Noël pour nombre de Français, faute de transports.

Avec
  • Fanny Arav économiste, administratrice UNSA ferroviaire au conseil d’administration de SNCF Réseau

A quelques jours des fêtes de fin d'année, c'est encore une semaine à très haut risque qui s'ouvre, donc, ce lundi, pour le gouvernement, à la veille d'une nouvelle manifestation nationale prévue demain et surtout alors qu'aucun compromis en vue sur la réforme des retraites ne semble de nature à permettre de sortir du blocage, et notamment dans les transports. Aujourd'hui encore, le trafic reste très perturbé : 1 TGV sur 3, 1 Transilien sur 4 et 4 TER sur 10. A Paris, on  compte en moyenne 1 train sur 2 sur le RER A et 1 sur 3 pour le RER B, mais uniquement aux heures de pointes. Par ailleurs 8 lignes de métro sont actuellement fermées.  Quoi qu'il en soit, la question qui occupe désormais tous les esprits pourrait se résumer ainsi : y aura-t-il, non pas de la neige mais des trains à Noël ? Tout le weekend, gouvernement et syndicats se sont renvoyés la responsabilité d'une éventuelle paralysie du pays pendant les fêtes, chacun accusant l'autre de chantage.

Evidemment ce n'est pas la première fois, s'agissant de cette "période sacrée" de Noël que la question d'une possible "trêve des confiseurs" est posée. C'est vrai que le risque existe pour les partenaires sociaux les plus jusqu’au-boutistes de voir les Français se retourner contre eux. De son côté, le gouvernement l'a bien compris, lui qui mise aujourd'hui sur cette fameuse bataille de l'opinion. Toujours est-il que ce matin le patron de la CFDT, Laurent Berger, qui sera dans la rue demain pour manifester contre la réforme, a lui choisi d'appeler à la trêve.

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Invitée de la rédaction : Fanny Arav, économiste, urbaniste et représentante UNSA au conseil d’administration de SNCF Réseau :

Fanny Arav : "Il faut être lucide : la trêve signifie insidieusement la fin de la grève."

6 min

Nous n'avons pas demandé cette réforme, nous n'avons pas choisi le calendrier. L'UNSA, via l'UNSA RATP avait posé la journée du 5 décembre plus de deux mois à l'avance. Donc jouer ce calendrier là était peut-être un choix un peu pervers, un peu manichéen, de jouer avec l'opinion publique. On voit que finalement cela n'a pas totalement abouti, même si on en est à cette crispation là. Nous n'avons pas pour objectif d'être en grève à Noël. Ce n'est pas un but en soi. Nous souhaitions justement avoir suffisamment de réponses, de vraies négociations, pour ne pas être en grève. La grève, c'est l'échec de la négociation. Cette situation est pénible, détestable, pour tout le monde. Cheminots compris. On n'a pas vocation à faire durer le mouvement, mais si l'on n'a pas de solution, le mouvement continuera. Il faut être lucide : la trêve signifie insidieusement la fin de la grève. Vous connaissez beaucoup de mouvements qui rejaillissent après une semaine d'interruption ?

Enfin, on a appris à la toute fin de ce journal que Jean-Paul Delevoye, le "monsieur retraites" du gouvernement a finalement remis sa démission ce matin. Emmanuel Macron l'a acceptée "avec regrets". Haut-commissaire en charge des retraites, il était fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts après des "oublis" dans sa déclaration d'intérêts.

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Alors que la sortie de crise s'annonce difficile, le négociateur en chef, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, fragilisé après la révélation de 13 mandats non déclarés, a remis ce matin sa démission.

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