Avec 58,54%, Emmanuel Macron a été facilement réélu hier pour un second quinquennat. Mais derrière ce score sans appel se cache une véritable fracture territoriale. Le président sortant a surclassé sa rivale dans les grandes villes, alors que Marine Le Pen s'est imposée dans les petites communes.
"Nul ne sera laissé au bord du chemin", "Il nous faudra être bienveillants et respectueux" : ces deux phrases extraites du discours de victoire d'Emmanuel Macron hier soir à Paris au pied de la Tour Eiffel illustrent son ambition politique. Le président s'est voulu rassembleur en tendant la main à ceux qui ont voté contre lui. 13,3 millions d'électeurs ont voté Marine Le Pen hier, contre 18,8 millions pour Emmanuel Macron. Et le contraste est saisissant sur la carte électorale. La France urbaine a voté Macron, et la France rurale a choisi Le Pen. Emmanuel Macron obtient son meilleur score à Paris, avec 85,1% des voix. Il s'impose massivement à Rennes (84,15%), à Nantes (81,15%), Bordeaux (80%) et Lyon (79,80%). En revanche, Marine Le Pen arrive en tête dans plus de la moitié (57,19%) des villages jusqu'à 1000 habitants.
Laura Dulieu revient sur la cartographie électorale du 2e tour
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La France reste en campagne électorale avec un nouvel horizon, les élections législatives les 12 et 19 juin prochain. Avec quel gouvernement d'ici là ? Le Premier ministre Jean Castex ne devrait pas rester à Matignon. En revanche, la date de son départ éventuel est inconnu pour le moment.
Cette campagne législative, les vieux partis traditionnels l'abordent dans les pires conditions. Le PS et Les Républicains ont disparu dès le premier tour de la présidentielle avec les échecs de leurs candidates Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. Les deux familles politiques se sont longtemps partagées le pouvoir sous la Ve République, mais cette fois, elles sont menacées de disparition. Pour assurer leur survie politique dans la nouvelle Assemblée, les socialistes et les LR vont devoir trouver des alliés.
La question des alliances se pose aussi au Rassemblement national. Dès hier soir, Marine Le Pen lançait "la grande bataille des législatives" pour obtenir "un grand nombre de députés". Prudente, la présidente du RN ne donne aucun objectif chiffré, comme si elle avait intégré le fait que son parti n'avait pratiquement aucune chance d'être majoritaire à l'Assemblée. Comme allié possible, il y a bien Reconquête, le parti d'Eric Zemmour. Mais l'affaire semble mal engagée. Car la main tendue d'Eric Zemmour hier pour former une grande coalition d'extrême droite s'est accompagnée d'une critique de la famille Le Pen : « C’est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen », a affirmé le polémiste. Quant au président du RN Jordan Bardella, il a précisé que son parti présenterait des candidats dans toutes les circonscriptions.
L'éducation fait partie des priorités d'Emmanuel Macron pour son deuxième quinquennat. Lors du débat face à Marine Le Pen, il avait même amélioré son offre politique en direction des enseignants. Le président réélu a promis d'élargir la revalorisation salariale évoquée dans son programme électoral.
Le monde entier ou presque a rapidement salué la réélection d'Emmanuel Macron. Le président américain Joe Biden est "impatient" de poursuivre la coopération avec son homologue français "pour soutenir l'Ukraine, défendre la démocratie et contrer le changement climatique". Même tonalité du côté de la Commission européenne : "Ensemble, nous ferons avancer la France et l'Europe", déclare la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Félicitations également de Vladimir Poutine, malgré la guerre en Ukraine. Le président russe qui a fait le service minimum par le biais d'un télégramme où il souhaite "une bonne santé" au président français.
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