De 1966 à 1983, tandis que les dictatures militaires ou civiles s'enchaînent et que pleuvent les matraques, l'Argentine connaît une incroyable effervescence musicale et la naissance du "rock nacional".
Le 28 juin 1966, une junte militaire prend le pouvoir. Les membres de cette « révolution argentine » entendent lutter contre “la généralisation de la démoralisation et du scepticisme, l'apathie et la perte du sentiment national", mais aussi résoudre le problème de l'instabilité politique chronique tout en contrant la montée des opposants marxistes.
Symbole de cette reprise en main musclée, la junte met au pas les étudiants dont le nombre a presque doublé en une décennie. Le 29 juin a lieu la “Nuit des longs bâtons”, évacuation brutale de plusieurs universités de Buenos Aires. C'est que la jeunesse inquiète les vieux généraux.
Cette jeunesse qui, de Buenos Aires à Córdoba ou Mendoza, s’entiche de rock, notamment, pour la capitale, dans le quartier populaire de Once. C'est là qu'au printemps 67, se forme l'un des premiers groupes de rock argentin, Los Gatos, qui publie “La balsa”.
Au nom du retour à "l'ordre moral", les flics arrêtent les garçons portant les cheveux trop longs, les filles déambulant en mini-jupes, les couples non mariés qui stationnent dans les mêmes voitures. L'Argentine se change alors en "pays d'hommes tristes", comme le chante en 1969 Luis Alberto Spinetta et son groupe Almendra, l’autre pionnier. D'autres groupes suivront, comme Arco Iris ou Serú Girán, tandis que le pays connait en mars 1976 un nouveau coup d'Etat. Le rock se retrouve interdit de diffusion, les descentes de police se multiplient, préfigurant les funestes vuelos de la muerte.
Face à la "terreur légale", certains chanteurs soutiennent le pouvoir, d'autres choisissent l'exil...
Programmation musicale et archives
- Archive pré-générique : La guitare, selon Atahualpa Yupanki, France Inter, 22/12/1968
- Cuasares : Colisión, extrait de l'album Afro-Progresivo (1973) - fond sonore -
- Aquelarre : Canto, desde el fondo de las ruinas (1972)
- Archive : "Lentement, afin que nous ne le remarquions pas, une machine à horreur se déchaînait contre l'innocent..." L’amiral Emilio Eduardo Massera (membre de la junte) en novembre 1976 ( source)
- Oscar Alemán y su orchestra : Besame mucho (1943) - fond sonore -
- José Larralde : Quimey Neuquén, extrait de l'album Canta José Larralde (1967)
- Atahualpa Yupanki : Basta ya (vers 1971) - fond sonore -
- Almendra : Color humano, album Almendra (1969) - fond sonore -
- Los Gatos : La Balsa (1967)
- Alberto Ginastera : Panambí : Invocación a los espíritus poderosos, de l'album Panambí et Estancia (1998) - fond sonore -
- Almendra : A estos hombres tristes (1969)
- Arco Iris : Camino, extrait de l'album Arco Iris (1970)
- Arco Iris : Paraíso sideral, album Agitor Lucens V (1974) - fond sonore -
- Traditionnel : Dos palomitas, extrait de l'album Cuarteto dos mundos interprété notamment par Miguel Angel Estrella - fond sonore -
- Archive : coup d'Etat de mars 1976, France inter, 24/03/1976
- Arco Iris : Coral, extrait de l'album Arco Iris (1970) - fond sonore -
- Serú Girán : Paranoia y Soledad, extrait de l'album La Grasa de las Capitales (1979)
- Archive : témoignage d'une mère après la disparition de son fils, France Inter, 27/03/1981
- Los Violadores : Cambio violento (1983) - fond sonore -
- Charly Garcia : Rap del exilio, album Piano bar (1984)
- Invisible : Jugo de Lúcuma, extrait de l'album Invisible (1974) - fond sonore -
- Cacho Castana : Para mí que son mentiras, extrait de l'album Definitivamente (1981)
- Invisible : Azafata del tren fantasma (1974) - fond sonore -
- Asfalto : No Sé Que Pensar (vers 1970-71), réédité sur la compilation Pebbles : Argentina part 1, originals artifacts from the psychedelic era / Vol. 14 (2015)
Playlist à emporter
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Pour aller plus loin
Eliel Markman : "De l'identité musicale à la représentation politique : le rock argentin pendant la dictature", accessible en ligne ici.
Rediffusion de l'émission du 7 septembre 2019
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