Des tambours traditionnels à la champeta des ghettos contemporains en passant par la cumbia ou le vallenato, retour sur la très riche culture musicale des Afro-Colombiens, minorité descendante des anciens esclaves.
En 1533, au bord de la mer des Caraïbes, les conquistadors espagnols fondent Carthagène (Cartagena de Indias) dont le port devient la plaque tournante de la traite négrière. 600 000 esclaves d'Afrique sont envoyés dans les plantations ou les mines d’or et d’argent de cette région située au nord de la future Colombie.
Face à leurs conditions d'exploitation, des révoltes éclatent et quelques milliers d'esclaves parviennent à s'enfuir, se cachant dans des zones difficiles d'accès, constituant des villages fortifiés, des palenque dont le plus célèbre, San Basilio, obtient son autonomie en 1713. Ainsi retranchés, ces "marrons" forgent une nouvelle langue, un créole mélange d’espagnol, de portuguais et de langues bantoue. Ils y développent surtout une riche culture musicale, constituée notamment des lumbalú, chants funéraires accompagnés de tambours.
Cette culture musicale d'origine africaine se métisse ensuite, intégrant de nouveaux instruments, donnant naissance à la cumbia, irriguant le nouveau carnaval de Barranquilla. Vers 1920, à la faveur de l'installation d'ingénieurs cubains près de San Basilio, les percussions africaines s'allient aux claves ou aux bongos cubains pour donner naissance aux sextetos.
Puis au début des années 1970, lorsque des marins importent des vinyles venus d'Afrique, la jeunesse des ghettos afro-colombiens s'enflamme et redécouvre ses racines africaines. Les picós, les discothèques mobiles de Carthagène ou de Barranquilla diffusent en boucle highlife, afrobeat ou rumba. Producteurs et artistes locaux s'engouffrent dans la brèche et développent une nouvelle fusion psychédélique et dansante qui deviendra la champeta.
A l'occasion de la parution le 16 octobre de la compilation La locura de Machuca 1975-1980 (Analog Africa), Juke-Box replonge dans la longue et tumultueuse histoire des Afro-Colombiens, lesquels constituent aujourd'hui la deuxième communauté noire d'Amérique du sud.
Programmation musicale et archives
- Archive pré-générique : la Colombie, pour flâner dans le temps (La Colombie, RTF, réal. Claude Max, 01/01/1954)
- Conjunto Barbacoa : Wabali, réédité sur la compilation La locura de Machuca 1975-1980 (Analog Africa, 2020) - fond sonore -
- Manuel Alvarez y sus Dangers : Esclavo moderno (1979), repris sur la compilation Palenque palenque / Champeta criolla & afro roots in Colombia 1975-1991 (2010)
- Las Alegres ambulancias : Tres golpes na'mas (1999), réédité sur la compilation Colombie / Palenque de San Basilio (Harmonia Mundi / Radio France, 2004) - fond sonore -
- Sexteto Tabala : Chants de labour (1999), réédité sur la compilation Colombie / Palenque de San Basilio (déjà citée) - fond sonore -
- Las Alegres ambulancias : Sambangole, paru sur la compilation Colombie / Palenque de San Basilio (déjà citée)
- Sexteto Tabala : Esta tierra no es mía (1996), repris sur la compilation Colombie / El sexteto Tabala (Ocora / Radio France, 1998) - fond sonore -
- Sexteto Tabala : La Vida es muy bonita pero al fin siempre se acaba (1996), paru sur la compilation Colombie / El sexteto Tabala (déjà citée)
- Archive : exode rural des paysans colombiens (Lettres d'un bout du monde, ORTF, prod. Jean-Émile Jeannesson, 09/11/1970)
- Sonora Dinamita : Eco en stereo (1960), réédité sur la compilation Diablos del ritmo : the colombian melting pot / 1960-1985 (Analog Africa, 2012) - fond sonore -
- Archive : "Fête des négritos" à Popayan (La Colombie, RTF, réal. Claude Max, 01/01/1954)
- Gaston (el isleño) : La cumbia esta llamando (1962), réédité sur la compilation The original sound of cumbia : the history of colombian cumbia & porro as told by the phonograph 1948-1979 (Soundway Records, 2011)
- Conjunto los rumberos : Cumbia del puerto, repris sur la compilation Colombie / The original sound of cumbia (déjà citée) - fond sonore -
- Conjunto Martinez : Cumbia fonsequera, repris sur la compilation Colombie / The original sound of cumbia (déjà citée) - fond sonore -
- Alejandro Durán : Cumbia Costeña (1969), paru sur la compilation Diablos del ritmo (déjà citée)
- Afrosound : El pesebre, de l'album Afrosound en navidad (1999) - fond sonore -
- Wganda Kenya : El Caterete (1975),repris sur la compilation Diablos del ritmo (déjà citée)
- Archive : Lucas Silva : "La champeta casse les ampoules" (France Inter, Elodie Maillot, 27/12/2011)
- Los Viajeros siderales : El campanero, réédité sur la compilation La locura de Machuca (déjà citée) - fond sonore -
- Rio Latino : Ayu, réédité sur la compilation La locura de Machuca (déjà citée)
- Abelardo Carbono : Quiero a mi gente, repris sur la compilation Diablos del ritmo (déjà citée)
- Archive : Lucas Silva sur les débuts de la champeta (France Inter, Elodie Maillot, 27/12/2011)
- Julian y su combo : Enyere kumbara, repris sur la compilation Diablos del ritmo (déjà citée)
- Canalon de Timbiqui : Tío Guachupesito, de l'album De mar y Rio (2019) - fond sonore -
- ChocQuibTown : Macru (2008), paru sur la compilation Afritanga - The sound of Afrocolombia (2011)
Articles et photos
- L'âge d'or des picos de Barranquilla et Carthagène (article de 2018 en anglais accompagné de nombreuses photos)
- De Kinshasa à Cartagena, en passant par Paris : itinéraires d’une « musique noire », la champeta (Elisabeth Cunin, 2005)
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