Haïti, la danse contre la dictature

François Duvalier alias "Papa Doc", ici le 1er mai 1957, quelques jours après son arrivée au pouvoir.
François Duvalier alias "Papa Doc", ici le 1er mai 1957, quelques jours après son arrivée au pouvoir. ©Getty - Robert W. Kelley / The LIFE Picture Collection
François Duvalier alias "Papa Doc", ici le 1er mai 1957, quelques jours après son arrivée au pouvoir. ©Getty - Robert W. Kelley / The LIFE Picture Collection
François Duvalier alias "Papa Doc", ici le 1er mai 1957, quelques jours après son arrivée au pouvoir. ©Getty - Robert W. Kelley / The LIFE Picture Collection
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Soumis à l’esclavage du temps des Français, à l’occupation militaire américaine puis, 30 ans durant, à la dictature des Duvalier, Haïti depuis toujours, sublime les coups du sort à travers la musique et la danse, des rythmes hypnotiques du vaudou à la naissance du konpa ou du mini-jazz.

Débarrassé de l'oppression esclavagiste des planteurs français, Haïti était devenu, en 1804, la première démocratie noire du monde. La suite avait été chaotique : ayant défait l’ennemi commun, les Haïtiens s'étaient divisés et tout au long du XIXème siècle, l'île plongeant dans une longue guerre civile qu'avait seulement interrompue l'occupation militaire américaine en 1915.  

En 1957, un ancien médecin, François Duvalier est élu à la tête de l'Etat, promettant aux paysans noirs la fin des privilèges des élites mulâtres (métis). Les 14 ans de la dictature de "Papa doc" sont marqués par les exactions sanguinaires des Tontons Macoutes. A cette époque pourtant, les bals de Port-au-Prince résonnent d'une nouvelle musique : le compas (konpa, en créole haïtien), créé par le saxophoniste Nemours Jean-Baptiste en ralentissant le rythme du merengue dominicain et en y accolant des paroles en créole. Haïti, terre de vaudou, possède désormais sa musique populaire. 

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Les violences et l'arbitraire du pouvoir poussent à l'exil les années suivantes des centaines de milliers d'opposants, notamment vers les Etats-Unis, Cuba ou les Antilles françaises. Parmi eux, nombre de musiciens qui diffuseront dorénavant depuis l'étranger leur production. En 1971, Duvalier père décède et passe la main à son fils, Jean-Claude Duvalier alias "Baby doc", qui conserve l'ADN autoritaire du régime. Se développeront alors dans les campagnes ou en exil des chants contestataires dans le style "troubadour" (twoubadou) mais aussi une scène baptisée mini-jazz, qui attire la jeunesse sur fond de guitares électriques, d'orgues et de saxophones.

Haïti, qui ne cesse alors de s'enfoncer dans la misère, voyant se développer les bidonvilles et les épidémies, devra attendre 1986 pour que "Baby doc" consente à rendre le pouvoir et à lui-même, prendre la route de l'exil. 

Vendeurs de légumes dans les montagnes près de Port-au-Prince, janvier 1966
Vendeurs de légumes dans les montagnes près de Port-au-Prince, janvier 1966
© Getty - Bettmann collection

Programmation musicale et archives 

  • Archive pré-générique : Croyez-vous au vaudou ? Maurice Bitter interroge une prêtresse (diffusion RTF, 09/04/1963)
  • Les Vikings : Choc Vikings, de l'album Cé Pas Magie (1972) - fond sonore - 
  • Les Fantaisistes de Carrefour : Panno caye nan bois chène, (1970) réédité sur la compilation Haïti Direct - Big Band, Mini Jazz & Twoubadou Sounds, 1960​-​1978 ( Strut records, 2013)
  • Nemours Jean-Baptiste et son ensemble : Marchande mangots (1959), réédité sur la compilation Haiti : Meringue & konpa 1952-1962 ( Frémeaux, 2015)
  • Emerante de Pradines : Choucoune (vers 1956), réédité sur la compilation Haiti : Meringue & konpa (déjà citée)
  • Frantz Casseus : Suite No. 1 : Petro, album Haitian dances (1954) - fond sonore -
  • Archive : Raoul Peck évoque les premières années de la dictature (France Culture, A voix nue, Virginie Bloch-Lainé, 22/08/2018)
  • Ensemble Etoile du soir (Webert Sicot) : _Prend courage (_1960) réédité sur la compilation Haiti : Tanbou Toujou Lou 1960-1981 ( Ostinato Records, 2016)
  • Raymond Cicault et son orchestre Volcan : A mon ami Lucien Jolibois (1965) réédité sur la compilation Disques Debs International / Vol. 1 (Strut, 2018) - fond sonore -
  • Nemours Jean-Baptiste : Ti Carole (1967), réédité sur la compilation Haïti direct (déjà citée)
  • Archive : François Duvalier confronté à la montée de l'opposition (Pierre Loctin, RTF, 22/07/1963)
  • Ti-Roro : Drum solo, extrait de The best of Tiroro : the greatest drummer in Haiti (2004) - fond sonore - 
  • Archive : Chanson composée en l'honneur de "Papa doc" (France inter, Michel Forgit et Yves Mourousi, 22/08/1970)
  • Shupa Shupa : Epoque chaleur (1969) réédité sur la compilation Haiti : Tanbou Toujou Lou (déjà citée)
  • The Saul Polinice, Louis & Ciceron Marseille group : Danbala wedo tokan koulev et Francilia : Ayizan belekounde, enregistrés par Alan Lomax en 1936 et publiés sur la compilation Haïti vodou : 1937-1962 Folk trance possession ( Frémeaux) - fonds sonores - 
  • Jho Archer : Feuille, album Voodou jazz (1967)
  • Shleu-Shleu : Compas X (1967), réédité sur la compilation Haïti direct (déjà citée) - fond sonore - 
  • Atis indépendant : Gade mache ti pey mouin (Look what's going on), de l'album Haiti : Ki sa pou-n fe / What is to be done  ( Folkways 1975)
  • Ibo Combo : Ti garçon (1972) - fond sonore - 
  • Les Loups noirs : Jet biguine (1973)
  • Les Frères Déjean : Jam session #2 (1980) repris sur la compilation : Haiti goes latin Salsa latin jazz and funky compas 1976-1984 (Celluloid Records, 2014) - fond sonore - 
  • Les Difficiles de Pétion-Ville : Fe'm confiance (1976), réédité sur la compilation Sofrito : International Soundclash ( Strut, 2012) 
  • Les Loups noirs : Pile ou face, de l'album Les loups noirs à New York (1972) - fond sonore - 
  • Zotobre : Lagen (1975) réédité sur la compilation Haiti : Tanbou Toujou Lou (déjà citée)

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