De 1932 à 1974, le Portugal est soumis à la dictature salazariste de l'Estado novo : travail, famille, culte du chef et empire colonial. Ce sont aussi les années où se diffuse le fado, cette musique triste des quartiers populaires de Lisbonne, que le pouvoir autoritaire tente d'orchestrer...
Lorsqu'António Salazar s'empare du pouvoir en 1932, le fado était depuis longtemps, la musique des bas-fonds de Lisbonne : marins, dockers, marchands ambulants, prostituées, canailles en tous genres s’époumonaient, le soir tombé, sur les drames de leur destinée : la misère, l'amour envolé, la mort, entre colère et saudade, cette nostalgie intraduisible.
Rapidement, le pouvoir tente de mettre au pas cette musique d'autant plus incontrôlable qu'elle se pratique partout, jusque dans les tavernes les plus reculées, hors de toute surveillance. Qu’elle pousse les ouvriers à boire, à interroger leur propre existence, la fidélité de leur amour... Dorénavant, musiciens, chanteurs et chanteuses devront s'inscrire et soumettre à l'avance leurs textes à la censure. La pratique du fado devient interdite aux amateurs hors du cadre familial, réservée aux maisons de fado, se devant d'exalter une image idéalisé et pacifiée de la nation portugaise. Or le pays est englué dans la pauvreté et confronté, dès le début des années 1960, à l'intensification des guerres coloniales...
Programmation musicale et archives
- Lecture pré-générique : Le Fado vu par Fernando Pessoa dans la revue Noticias Illustrado (1929)
- Armandinho : Variações em Lá Menor sur la compilation Fado / Matar saudades (2007) - fond sonore -
- Fernanda Peres : Nem às paredes confesso (1958), repris sur la compilation Legends of fado (ARC, 2011)
- Artur Paredes : Variações em Ré Menor (1927) sur la compilation Fado : Lisboa Coimbra 1926 -1931 (Frémeaux) - fond sonore -
- João do Carmo : Malmequer pequenino (circa 1930), figure sur la compilation Fado : Lisboa Coimbra 1926 -1931 (déjà citée)
- Carlos Ramos : Torre de Belém (circa 1931) - fond sonore -
- Alfredo Duarte "Marceneiro" : Cabelo Branco (1936) figure sur la compilation Fado : Lisboa Coimbra 1926 -1931 (déjà citée)
- Domingos Camarinha : Guitarra triste (1957) repris sur l'anthologie Portugal ! Amália Rodrigues & the legends of fado (Le chant du monde, 2014) - fond sonore -
- Amália Rodrigues : Uma casa portuguesa (version de concert, 1957) extrait de la compilation Amália à Paris : les concerts mythiques Olympia-Bobino (Milan music)
- Carlos Ramos : Não venhas tarde (1958), figure sur l'anthologie Portugal ! Amália Rodrigues & the legends of fado (déjà citée)
- Archive : Pauvreté et censure dans le Portugal de Salazar, extrait de l'émission Cinq colonnes à la Une, diffusion 07/07/1961
- Pedro Caldeira Cabral : Retorno, de l'album Portugal - Variações - Guitarra Portuguesa (2012) - fond sonore -
- Archive : Le détournement du paquebot Santa Maria, diffusion ORTF 24 et 28/01/1961
- Amália Rodrigues : Ai Mouraria (1962)
- Amália Rodrigues : Abandono (fado Peniche) (1963)
- Archive : l’Etat de santé de Salazar (Inter actualités du 07/09/1968)
- José Alfonso : Grândola, Vila Morena, extrait de l'album Cantigas do Maio (1971)
- Archive : célébration du 1er mai à Lisbonne, France inter 01/01/1974
- Charlie Haden : Grândola, Vila Morena, de l'album The Ballad of the Fallen (1983) - fond sonore -
- Sérgio Godinho : Liberdade, de l'album A queima roupa (1974)
- Ana Moura : Maldição (2015) publié sur la compilation Amália : As vozes do fado (2015)
Playlist à emporter
En cliquant sur "Ajouter à"... (passer la souris en haut à gauche) vous pouvez récupérer tout ou partie de la playlist de cette émission sur Spotify, Apple Music, Deezer ou Youtube.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation