Compton de Dr. Dre : Grand final et morale ?

Compton de Dr. Dre : Grand final et morale ?
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Compton de Dr. Dre
Compton de Dr. Dre
© Radio France

Violons et trompettes pour l’ouverture cinéphile de Compton, troisième et dernier album de Dr. Dre paru ce mois d’août. Un « grand final » conçu comme un condensé d’histoire, musicale et personnelle, par l’un des producteurs les plus influents de l’histoire du rap. Un disque imaginé comme la pierre d’angle d’un édifice, le précédent projet, Detox, jugé « pas assez bon » ayant été abandonné par l'auteur.

Préambule et situation : André Romelle Young, 50 ans en 2015, chanteur, DJ, producteur et homme d’affaires est encore à cette heure l’un des acteurs majeurs de la musique américaine, et pas seulement sur le plan de la réussite financière, on y reviendra. A la fin des années 80 il a participé à la création du gangsta rap, puis du G-Funk, musiques de combat et de célébration (des droits mais aussi des voitures comme des femmes) il a produit plusieurs génération de chanteurs de Tupac à Kendrick Lamar en passant par Eminem, Mary J Blidge ou 50 Cent.

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Snoop Dogg, ici présent parmi la kyrielle d’invités, marque sa présence d'un flot de paroles comme on ne lui connaissait plus. Si vous entendrez quelques chanteuses à l’honneur dans le disque (comme Jill Scott ou la chanteuse anglaise Marsha Ambrosius) les propos misogynes accréditent la mauvaise réputation du docteur auprès des femmes. Dre présentait récemment des excuses publiques dans le New York Times, au moment de la sortie du film qui raconte l’histoire de son groupe « N.W.A Straight Outta Compton », le biopic sortira en France le 16 septembre. Différentes chanteuses et surtout différentes esthétiques se croisent dans Compton, entre G-Funk, rock et tentation trap, avec même quelques échos Jamaïcains (Genocide). Anciens et Modernes du Hip-Hop finalement réconciliés dans cette ultime parade conçue par Dr Dre. Un talent dont le brillant porte jusque dans les affaires, bénéficiant en 2014 de la vente de la marque Beats (les casques mais surtout le service d'écoute en streaming) rachetée près de 3 milliards de dollars par Apple à leur fondateurs, Jimmy Lovine et Dr Dre.

Fin de la carrière « solo » de Dr Dre (qui tient finalement en trois albums sur 23 ans). Sur le dernier titre de l’album Dre apparaît seul, comme le récitant de sa légende, du journal d’adolescent à la chronique d’un homme qui observe son propre mythe, en surplomb, comme sur la photo de la pochette qui montre le point de vue dominant (et imaginaire puisqu’il n’y a pas de colline à Compton). En rendant hommage au quartier qui l’a vu naitre, Dre rejoint finalement cette maxime de Jean de La Bruyère : « La naissance fait moins d'honneur qu'elle n'en ordonne : Vanter sa race, c'est louer le mérite d'autrui. »

Extrait diffusés :

Intro – Talk About It (feat. King Mez & Justus)

Satisfiction (feat. Snoop Dogg, Marsha Ambrosius & King Mez)

Genocide (feat. Kendrick Lamar, Marsha Ambrosius & Candice Pillay)

Talking to My Diary

Compton (Interscope)

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