
« Le garçon le plus blanc de toute la plage » vous écoutez Fat White Family, sextette londonien pas tout à fait dénué d’un sens certain de la provocation. Sortie prévue dès demain de leur deuxième album « Songs For Our Mothers » (chansons pour nos mères) comme une réponse insolente au célèbre « Parental Advisory » obligatoire aux Etats-Unis si les paroles d’un disque ont un contenu explicite. Ambigüité et malaise très explicites ici avec des chansons comme « Love is The Crack » « Duce » ou encore « Goodbye Goebbels ».
Lias Saoudi, le chanteur du groupe se dit socialiste et volontiers marxiste, il déteste les yuppies (les jeunes cadres sup’ de la finance) et s’intéresse surtout aux drogues et aux cauchemars sociaux comme le médecin anglais et tueur en série Harold Shipman à qui il consacre une chanson.
Il faut aussi s’arrêter sur l’image : leur premier album « Champagne Holocaust » était illustré par un dessin d’un homme nu très maigre, avec un gros sexe, une tête de cochon, un marteau dans une main et une faucille dans l'autre. Ici aucune image, lettres blanches sur fond noir, une rigueur qui correspond bien au nouveau look du groupe : on voit dans leur dernier clip six jeunes hommes blafards, le crâne rasé, qu’on croirait sortis d’un film de Ken Loach. Le détraquement comme esthétique de la subversion.
« Lebensraum » ou la notion d’espace vital, concept du XIXème siècle que les nazis détourneront à leur avantage. Vous l’avez compris les anglais de Fat White Family flirtent avec tout ce qui peut faire bondir. Dépravés, nihilistes, provocateurs et excellents sur scène, on parle presque plus de leur comportement que de leur musique, ici plutôt bien servie par la production de Sean Lennon qui les a accueilli dans son studio.
Pour nuancer le portrait il faut lire ou relire le long reportage paru l’année dernière (dans Society signé Jean-Vic Chapus) qui suivait les Fat White Family en tournée, récit assez édifiant. Le chanteur Lias Saoudi et son frère Nathan racontent leur parcours, père d'origine algérienne, mère anglaise, ils ont grandi entre l'Angleterre, l'Ecosse puis l'Irlande du Nord (à Dugannon) où les enfants rouquins les traitaient soit de « paki », de « négro » ou de « juif », parce qu'ils étaient les seuls grands bruns avec un gros nez. Quand il s'inscrit dans une école d'art à Londres, Lias espère se dévergonder mais il est effaré de voir que la plupart des étudiants rêvent du même métier que leurs parents. Il constate aussi qu'il est pauvre, ce qu'il n'avait jamais remarqué avant d’arriver à Londres.
Finalement ce titre « Songs For Our Mothers » pose la question centrale de leur musique, celle de la destination d’une chanson : sait-on jamais qui écoute et comment on entend une chanson ? Fat White Family exige votre attention, mais qui mérite qui dans l’affaire ?
**Extraits diffusés ** :
Whitest Boy On The Beach
Lebensraum
Tinfoil Deathstar
Fat White Family - Song For Our Mothers (Without Consent –PIAS)
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