Le claveciniste, également pianiste de jazz à l’occasion, publie un disque consacré à Rameau et à Pancrace Royer. Un programme à entrées multiples, poésie, danse et musique qui valorise le style flamboyant de Royer, au bord du métal par moment.
- Jean Rondeau Claveciniste, pianiste et compositeur français (Paris, 1991)
« Ne sentez-vous pas que la danse est l’acte des métamorphoses ? » Le mot de Paul Valéry sert ici d’exergue au claveciniste Jean Rondeau, attaché à la reconnaissance sinon la renaissance (tout indiquée pour ce lundi de Pâques) du compositeur Pancrace Royer.
Après « Imagine » son premier enregistrement consacré à Jean-Sébastien Bach, le jeune claveciniste (il n’a pas encore 25 ans) publie Vertigo, consacré à cette fois-ci à deux compositeurs pas forcément opposés mais peu semblables : Jean-Philippe Rameau et Pancrace Royer, son cadet de 22 ans.
Si presque tout le monde a entendu (sans le savoir souvent) les Indes Galantes de Rameau, Royer, l'auteur des pièces de clavecins comme Les Matelots ou encore Tambourins (qu'on est tenté d'écrire en deux mots tellement la pulsion y est marquée) Joseph-Nicolas-Pancrace Royer, est aujourd'hui beaucoup moins connu que Rameau (malgré de beaux enregistrements comme celui de Christophe Rousset paru en 2008). Alors qu'il fut sous Louis XV une figure majeure de la vie musicale « Ordinaire de la Musique du Roy et Maitre de Musique des Enfants de France » c'est son titre, tel qu’indiqué sur le Premier livre de Pièces de Clavecins (à l'époque on peut écrire avec deux ss) dédié à Mesdames de France en 1746.
Rameau lui est resté, comme un théoricien de la musique « un conservateur » dans la querelle des Bouffons, mais surtout pour l’opéra-ballet dont Les Fêtes d’Hébé d’où est extraite cette « Musette en rondeau ». Sur le clavecin historique du château d’Assas (dans l’Hérault) Rondeau trouve l’acoustique et la prise de son juste, percussif et toujours brillant mais sans les excès qui détournent parfois certaines oreilles du clavier.
« Vertigo » un titre pas forcément choisi en rapport à Hitchcock, quoique. Jean Rondeau voit dans cette pièce composée par Pancrace Royer cinq minutes qui résument un film en cinémascope, un opéra à trois cent secondes : « Il y a tout sans rien qui provienne de ses musiques de scène – et jusqu’à la vertigineuse cadence où j’ai voulu rendre hommage à Hitchcock, même si ca n’a rien à voir, juste pour le plaisir. C’est de cela qu’il s’agit non ? »
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On se quitte donc dans ce programme à trois entrées imaginé par Jean Rondeau (La Poésie, La Musique et La Danse) avec la pièce centrale, une fantaisie « puissance dix (…) de la prestidigitation, un bonheur d’enfant, une séance d’illusion ». Où l’interprète nous rappelle que les cordes dans un clavecin, sont de métal, avant le métal.
Extraits diffusés :
Pancrace Royer : Allemande
Jean-Philippe Rameau : Musette en rondeau
Pancrace Royer : Vertigo
Concert (avec différentes formations et différents répertoires) le 5 juin au festival de Saint Denis, 12 juin au festival d'Auvers sur Oise, puis à l'Opéra de Lille le 15 juin.
Jean Rondeau : Vertigo (Erato)
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