Le Royaume de la Féline

La Féline - Triomphe (Kwaidan Records)
La Féline - Triomphe (Kwaidan Records)  - photo : Alexandre Guirkinger
La Féline - Triomphe (Kwaidan Records) - photo : Alexandre Guirkinger
La Féline - Triomphe (Kwaidan Records) - photo : Alexandre Guirkinger
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Chanteuse cinéphile, analyste fine des ressorts de la pop comme de la pensée d’Adorno, Agnès Gayraud signe un album plein de mythes et d’obscurité, un rêve dont elle triomphe.

« Elle a dompté un loup qui la suit comme un chien » chante ici Agnès Gayraud alias La Féline. On ne saurait trop vous recommander le film qui accompagne la musique (clip de Senga réalisé par le collectif As Human Pattern) qui montre une traque en forêt, histoire inspirée apparemment du récit de sauvageonnes capturées dans les Pyrénées au XIXème siècle.

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La Féline vous l’aviez peut-être entendue chanter « Dans le doute » ou « Adieu l’enfance », peut-être l’avez vous lue dans les pages Culture de Libération où elle analyse les ressorts de la pop, ou peut-être avez-vous suivi sa pensée puisqu’elle est aussi prof de philo et travaille notamment sur Theodor W Adorno et l 'esthétique des musiques populaires enregistrées.

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Il y a toujours beaucoup à prendre dans la musique de La Féline, sans doute parce que sa musique est le fruit d’un long processus, une entreprise qu’elle définit comme une mangrove, où le rêve tient sans doute une part importante. On la devine à lire le beau texte « Comment j’ai triomphé en rêve ». Récit d’un rêve fait à 18 ou 19 ans : « J’étais morte. Mais j’exultais, j’avais un corps. Et je courais » lire le récit précis du rêve, le recul de la conscience sur ce rêve, sa réflexion sur ce en quoi elle croit ou pas, et ces dernier mot « Le triomphe, ce ne sera probablement pas le mien, peut-être celui de quelque chose qui viendra me détruire. Comme celui des empereurs romains entrant dans des villes conquises, il sera chargé de morts. Mais j’ai mon rêve, et mon couteau. »

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Comme nous étions si sûrs de nos idées, nos ennemis nous rendaient forts...

(Le Royaume)

Vertige et déflagrations à retrouver dans ce bien nommé Triomphe. Une des réussites de La Féline tient sans doute à la cohérence entre les mots et les sons, à leur contrastes, par exemple cette flûte octobasse qui vous attire au fond de l'eau voir « l'oracle au ralenti de la murène » dans la chanson Le Plongeur. Ou encore à l’adaptation d’un vers de Walt Whitman « We Two How Long We were Fool’d » Toi et moi fûmes longtemps trompées, et Agnès Gayraud d’ajouter « Nous sommes cette brume, cette horde, ce sentier ».

La Féline joue aussi sur les formes, avec certains textes chargés d'images de mythologie et d’autres au contraire très courts comme « La Femme du Kiosque sur l'eau » : cinq lignes chantées a cappella (dans un style médiéval) suivies d'une tension toute contenue entre instruments à vent d'un côté et guitare de l'autre. Tension résolue par un chant perché que ne renierai pas Kate Bush. Le final du disque tient en trois mots répétés comme un mantra : Nu jeune léger. Etat dans lequel vous pourriez vous trouver à l’issue de l’écoute.

extraits diffusés :

  • Senga
  • Le Royaume
  • Nu jeune léger

La Féline « Triomphe » (Kwaidan Records)

ECOUTER / Acheter ICI (page Bandcamp)

en concert le 16 mars 2017 à la Maroquinerie à Paris, dimanche 2 avril 2017 à la Bouche d'air Nantes, le 4 juin 2017 à Talence...

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