Noël tardif ou un Nouvel An fructueux, avec 7 Concertos pour clavecin de Jean-Sébastien Bach

France Culture
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par Etienne Menu

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© Radio France

C’était un des événements baroques de la rentrée discographique : la publication chez Harmonia Mundi France des sept concertos pour clavecin de Bach, BWV 1052 à 1058, interprété par Andreas Staier et le Freiburger Barockorchester. La plupart d’entre eux sont des transcriptions d’autres œuvres, de Bach lui-même mais aussi de son père Carl Philipp Emmanuel. Le premier de ces concertos, dont nous venons d’écouter le début du premier mouvement, est marqué par une singulière récurrence d’unisson du soliste et du tutti, que l’on entend dès l’ouverture. L’origine historique de ce concerto est tout aussi curieuse, puisque encore indéterminée par les spécialistes du compositeur. On a en effet longtemps présenté la pièce comme la transcription d’un concerto pour violon, disparu, mais on s’est aperçu, à force de vouloir récréer artificiellement l’original à partir de son adaptation, que certains de ses passages ne pouvaient avoir été écrits que pour un instrument à clavier. Une histoire digne de Borges dont on ne saura sûrement jamais le fin mot, et c’est peut-être tant mieux.

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Le claveciniste, mais également pianiste et pianofortiste Andreas Staier a enregistré ces dernières années des Variations Goldberg pour clavecin, une version acclamée des Variations Diabelli de Beethoven mais aussi publié une anthologie baroque au titre prometteur, “Pour passer la mélancolie”, qui vient justement d’une pièce d’un contemporain de Bach qu’il y interprète, Froberger. Les concertos pour clavecin, de nos jours plus souvent interprétées sur pianoforte, peuvent grâce à Staier presque s’entendre comme à l’époque de Bach. L’Allemand, qui joue sur une réplique d’un modèle hambourgeois de 1734, donne par son style enjoué juste ce qu’il faut d’enthousiasme à ces pièces qui pourraient autrement vite passer pour trop austères.

À ces sept concertos pour un clavecin succèdent dans le corpus bachien les BWV 1060 à 1065, transcrits quant à eux pour deux, trois et mêmes quatre clavecins. La dernière intégrale de cette partie relativement méconnue de l’œuvre du maître baroque, et pourtant fondatrice de la forme concerto qui s’épanouira au XIXe siècle, remonte à 2002. On la doit à Trevor Pinnock et à l’English Ensemble pour le label Archiv. Plus récemment, on signalera une version japonaise et familiale des concertos pour deux clavecins, interprété par Masaaki Suzuki et son fils Masato, accompagnés du Bach Collegium Japan. Quelques excellentes idées de cadeaux, en plus de ce double CD de haut vol, pour un Noël tardif ou un Nouvel An fructueux. Je vous souhaite à tous une année pleine de joie, à l’écoute entre autres, de Jean-Sébastien Bach.

Extraits diffusés

Concerto 1, premier mouvement

Concerto 7, premier mouvement

Concerto 3, deuxième mouvement

Concerto 6, deuxième mouvement