Songhoy Blues : Voter, ici bas

Résistance (Transgressive)
Résistance (Transgressive)
Résistance (Transgressive)
Résistance (Transgressive)
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Le quartet rock malien signe un second album empreint de réflexion politique : « Résistance ». Iggy Pop chante le Sahara, tandis qu’en langue Bambara et Songhaï ils évoquent leur réticence à voter, la question des migrants et le racisme quotidien. Le tout sous d’éblouissantes guitares.

« Voter » je ne sais pas si cela a été aussi électrique dans les bureaux de vote hier… Toujours est-il que pour les Songhoy Blues le mot recouvre une autre réalité. « Contrairement à ce que laisse penser son titre, cette chanson est une déclaration contre l’acte de voter. Chanté en Songhaï et en Bambara (sur un rythme sur lequel je ne m’arrête pas) les paroles disent ceci « On ne vote pas si la situation ne change pas ».

Evidemment vu d’ici on se dit qu’il vaut mieux voter pour changer les choses, mais quand les votes sont parfois achetés d’avance (ce à quoi ils font allusion), la partie est truquée, perdue d'ores et déjà. Inutile aussi quand rien ne changera... c'est sans doute ce qu’ont pensé les Algériens aux dernières élections législatives début mai (taux participation de 38 %).

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Voilà pour le premier message verbal de ce disque, l’autre information, que vous parliez ou non bambara ou songhaï passe par le son, et l’importance des guitares, chez les Songhoy Blues : guitares tellement prééminentes que les invités, même s’il s’agit d’Iggy Pop, sont presque traités au second plan…

« Il n’y a pas de pizza, pas de Kentucky Fried Chicken, c’est une véritable culture » le Sahara dont le soleil a peut-être brûlé la peau d’Iggy Pop… Les Songhoy Blues ce sont quatre garçons Aliou Touré, Oumar Touré et Garba Touré (aucun lien familial entre eux, ni même avec Ali Farka Touré) le quatrième c’est Nathanael Dembele (lui d'origine Dogon). Ils s’étaient fait connaitre il y a deux ans avec « Music in Exile » un disque traversé par l’Histoire, depuis les djihadistes du Nord Mali qu’ils ont dû fuir, jusqu’au souvenir de la grandeur des Songhaï au XVème siècle. Les Songhaï (leur ethnie – pour trois d’entre eux) ce sont ceux qui vivent le long du Niger, entre Tombouctou et Gao, au XVIème et XVIIème siècle ils régnaient sur une région presque aussi grande que le Mali actuel. Ils ont ensuite perdu en puissance, c’est plutôt la culture du peuple du Sud Bambara qui domine. « Le monde ne change pas, ce sont nos comportements qui changent » est-il dit dans Ici Bas.

Dans le très nerveux Ir Ma Sobay « Soyons sérieux » ils invitent la jeunesse (je cite encore) « à prendre ses responsabilités, et son destin en main plutôt que de perdre son temps dans l’oisiveté ou les libations » En marche donc les Songhoy Blues ?

Extraits diffusés :

  • Voter
  • Sahara
  • Ir Ma Sobay

"Résistance" (Transgressive)

en concert le 15 juillet au festival Afropunk à La Villette à Paris