Conversation avec le plasticien Ernest Pignon-Ernest à l'occasion de la rétrospective de ses estampes dans l'atelier Grognard organisée par la ville de Rueil-Malmaison (prolongation 16/05)
- Ernest Pignon-Ernest Artiste
Depuis cinquante ans, il installe des dessins dans les rues des villes du monde. Vous en avez vu peut-être, des feuilles fragiles, collages nocturnes et éphémères sur des murs défraîchis et offerts au temps qui les défaits : Rimbaud à Charleville Mézières ou une famille derrière des barbelés à Nice, ou une femme morte dans le labyrinthe des ruelles de Naples, ou les personnages d’une querelle dans la zone portuaire de Brest, et d’autres à Port au Prince en Haïti, un poète au milieu des ruines en Palestine ou à Santiago au Chili, un résistant et martyre dans la casbah à Alger et, chaque fois, les personnages qu’il fait apparaitre, exactement là, dans un endroit, un contexte éclairant, même si vous ne les reconnaissez pas, ils vous rappellent quelque chose de familier.
Est-ce leur style, qui évoque peut-être une attitude ou une photo célèbre ou la position d’une vierge dans un tableau ou un visage souvent croisé dans les livres peut être, je préfèrerai dire qu’ils portent en eux un poids de mémoire qui resurgit dans cette apparition calculée. Calculée, voulue, installée par Ernest Pignon-Ernest. Oui EPE c’est un artiste connu, populaire même, on voit son fameux Rimbaud sur des centaines de biographies, ses images, ses dessins sont reproduits souvent. Un artiste populaire donc.
Pourtant j’ai l’impression qu’on ne saisit pas toute la qualité, intellectuelle spirituelle, mémorielle, combative de ses interventions ? Comme si ça nous arrangeait d’en faire un dessinateur. Ernest Pignon-Ernest dessine bien sûr, c’est un virtuose, mais son travail a une qualité plus large qu’on a me semble-t-il négligé. Il est vrai qu’aujourd’hui, les artistes qui interviennent dans l’espace urbain lui reconnaissent cette antériorité. Mais je pense aussi à tous ceux qui installent, exaltent les significations d’un lieu, soulignent en les cadrant les signes superposés de la ville, inscrivent les cadeaux du hasard dans leurs œuvres, bref les artistes contemporains que nous aimons il en fait partie.
Aujourd’hui à l’occasion d’une exposition à l’atelier Grognard organisée par la ville de Rueil-Malmaison qui continue jusqu’au 16 mai, j’ai le plaisir d’accueillir l’artiste, l’autodidacte, le lecteur insatiable, le fou de poésie, l’amoureux des artistes d’autrefois, Ernest Pignon-Ernest.
Lecture des textes : Emmanuel Lemire
Lecture 1 : Le jour de ma mort, Pier Paolo Pasolini.
- Musique The Dining Table par Svarte Greiner -
Lecture 2 : Extrait de _La vie en dansant_, André Velter, Gallimard, 2000.
- Musique : Ollo par Konntinent & Ian Hawgood
Lecture 3 : Extrait d’un texte publié le 21 mars 2018 par l’Association Josette et Maurice Audin.
- Musique : Reel-To-Reel par Machinefabriek
Lecture 4 : Télégramme de Prison dans Poèmes palestiniens, Mahmoud Darwich.
- Musique A Canvas For Your Yearning par Orla Wren
Lecture 5 : La Légende dorée/Sainte Agnès
- Musique : Silver Ladders par Mary Lattimore
Lecture 6 : Extrait d’une lettre adressée à Jean Paulhan le 17 avril 1926 à Paris de la part d’Antonin Artaud.
- Musique : Orange saturday morning par The Green Kingdom
Chargée de recherche : Maurine Roy
En partenariat avec BeauxArts Magazine
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