Eugène Henri Paul Gauguin : un artiste total

Autoportrait, 1893, musée d'Orsay, Paris.
Autoportrait, 1893, musée d'Orsay, Paris. - Paul Gauguin - Wikimedia Commons
Autoportrait, 1893, musée d'Orsay, Paris. - Paul Gauguin - Wikimedia Commons
Autoportrait, 1893, musée d'Orsay, Paris. - Paul Gauguin - Wikimedia Commons
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Artiste complet et génial, aventurier et anticonformiste : l'homme au chien rouge aurait-il encore des secrets ?

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Migrant, Paul Gauguin l’a été : né au Pérou, il a vécu à Paris, en Bretagne, et il est mort aux Îles Marquises. L’artiste a également été un grand migrant dans les techniques. Peintre célèbre, impressionniste connu, céramiste inattendu, artiste sur bois fabuleux, écrivain merveilleux, c’est de l'une des grandes figures de l’art dont il est question dans cette émission.

A l'occasion de l'exposition " Gauguin. L'alchimiste", au Grand Palais, du 11 Octobre 2017 au 22 Janvier 2018, retour sur le parcours de Paul Gauguin, ses influences, ses voyages et son héritage artistique. Explorateur, voyageur, expérimentateur, Gauguin est un artiste inclassable aux nombreuses facettes.

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A cette occasion, Jean de Loisy a reçu Claire Bernardi, conservateur Peinture au musée d'Orsay et Titouan Lamazou, navigateur mais également peintre et écrivain.

Une carrière artistique tardive

Son parcours d'artiste commence tard. Après avoir quitté son emploi d'agent de change, il se lance dans une carrière artistique et s'entoure d'artistes qui compteront pour lui : 

L’aventure démarre finalement assez tard pour Gauguin, qui a eu une carrière assez mouvementée avant d’arriver à l’art et d’en faire son métier. Il y a plusieurs figures qui l’influencent, avec qui il travaille et dont il se détache : Pissarro est sans doute la plus prégnante d’entre elles, mais aussi Degas et Cézanne. Il a trois figures tutélaires autour desquelles il construit une toute première partie de sa carrière de peintre au départ. Claire Bernardi

On entend Claire Bernardi nous l'expliquer dans l'émission : s'il est proche des impressionnistes au départ, il s'en détache assez rapidement :

Gauguin essaie de s’insérer dans un milieu qui est assez étranger à ses préoccupations et au monde duquel il est extrait. Il s’allie et devient ami avec certains impressionnistes, mais très vite autour de 1888, il trouve sa propre voie […]. Il rencontre un monde qui est celui des poètes symbolistes fin de siècle. Claire Bernardi

Les Regardeurs
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Un goût prononcé pour l'exotisme

Une partie de son inspiration lui vient en partie de son enfance, passée loin de la France :

Gauguin a toujours été en voyage, il a vécu ses première années au Pérou [...] Il a une ascendance familiale péruvienne, qui compte beaucoup pour lui, notamment dans la mythologie familiale. [...] Gauguin a retravaillé cette mythologie-là. Il a sûrement vu dans sa toute petite enfance des objets incas qu'il intègre dans ses propres œuvres. Plus tard, à la mort de sa mère, quelqu'un aura une place essentielle dans sa vie, c'est son tuteur Gustave Arosa qui avait une grande collection d'art impressionniste, mais aussi de céramiques de tous horizons, des objets de différentes provenances. Claire Bernardi

Très vite, Gauguin se construit un imaginaire ainsi que des références qui l'accompagneront partout : 

On a un ensemble de correspondances avec des amis proches et dans une de ses lettres Gauguin parle de "ce petit monde de camarades" qui lui serviront de compagnons dans son exil et avec lesquels il partira. C'est assez émouvant parce que ces camarades ce sont des œuvres d'art. Ce sont des reproductions avec lesquelles il part, donc un ensemble de photographies, de cartes postales qui a récoltées à Paris. [...] Un monde visuel qui l'accompagne et qui le hante. Claire Bernardi

Un événement marque également Gauguin : il s'agit de l'exposition universelle de 1889 à laquelle il se rend et où il découvre les civilisations d'outre-mer ainsi que les manifestations artistiques des ces peuples. Gauguin développe également un goût pour le mysticisme et le mystérieux.

Gauguin l'océanien

Au cours de ses différents voyages aux Marquises, Gauguin développe une réelle fascination pour la culture des natifs des îles qu'il visite. Il s'y installe et adopte une posture particulière : il devient "sauvage":

Gauguin s’était défini comme sauvage. Il y a un côté provocateur chez Gauguin, qui aimait bien indisposer son entourage, surtout colonial et ecclésiastique. […] Il se place du côté des sauvages, il les défend. […] La notion de sauvage est à prendre à double sens : sauvage représentait un retour à une certaine pureté dans son travail et dans sa vie. Titouan Lamazou

Gauguin a laissé un legs important pour les artistes qui lui succèderont.

Si on doit réfléchir à sa postérité, c'est dans l'hybridation, le mélange et la métamorphose de son propre art qu'on peut voir des résonances dans l'art moderne et l'art contemporain. Claire Bernardi

Les textes sont lus par Emmanuel Lemire

Textes (extraits) : Albert Aurier pour Le Symbolisme en Peinture : Paul Gauguin, éditions Mercure de France (mars 1891) - Paul Gauguin dans plusieurs courriers : Lettre à Schuffenecker (8 octobre 1888) - Lettre à Odilon Redon (Le Pouldu en septembre 1890) - Paul Gauguin, IV, à Tahiti et aux Marquises dans Avant et Après (janvier- février 1903) - Mario Vargas Llosa pour Le Paradis – un peu plus loin , collection Du monde entier, éditions Gallimard (2003).

Musique (extraits) : Steve Roden / In Be Tween Noise ‎– Every Color Moving (1988-2003). Label : Sonoris ‎– sns-12 (juin 2016) - Watine ‎– Atalaye. Label : Catgang ‎– none (2015) - Pierre Berthet ‎– Un Cadre De Piano Prolongé. Label : Sonoris ‎– SON-41 (2000) - Fred Van Hove ‎– Piano Solo. Label : FMP ‎– FMP CD 14 (14.01.2011) - Colleen ‎– Mort Aux Vaches. Label : Mort Aux Vaches ‎– none (25.01.2006) - Orchestre de Musique Légère de L'O.R.T.F. ‎– Musicolor Vol.1. Label : Technisonor ‎– TEC. 501.

Manao Tupapau (L'esprit des morts veille). Huile sur toile peinte à Tahiti (1892), conservée à l'Albright-Knox Art Gallery
Manao Tupapau (L'esprit des morts veille). Huile sur toile peinte à Tahiti (1892), conservée à l'Albright-Knox Art Gallery
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L'équipe de production : Jean-Louis Deloncle (prise de son), Franck Lilin (réalisation), Sylvia Favre (attachée de production et site internet), Sixtine de Thé (recherche des textes et conducteur).

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