

Qu’elle utilise la vidéo, la sculpture ou la peinture, dessine sans cesse des mutismes éloquents.
- Françoise Pétrovitch artiste plasticienne
C’est un doux chuintement sur la surface que produit le pinceau soyeux qui glisse sur les vastes papiers qu’utilise l’artiste Françoise Pétrovitch quand elle étire une ligne qui deviendra le contour d’un de ses personnages.
Ce son faible du pinceau qui trace ajoute sans doute au silence de l’atelier dans lequel concentrée, l’artiste conduit où se laisse conduire par sa vision qui va comparaitre dans l’humidité de l’image.

Souvent les œuvres ont ce silence comme sujet. Les figures qui apparaissent sont comme maintenues derrière leurs paupières. Au fond, une concurrence s’établit entre ce que l’image montre et ce qu’elle suggère. Non pas que le regardeur ait une chance de rejoindre la rêverie du sujet, non, par contre il ne peut pas ne pas percevoir que celui-ci maintient derrière ses mains ou dans le regard égaré qu’il porte à une fumée de cigarette, une pensée, invisible, qui ne nous est pas révélée mais qui semble être le vrai sujet de l’œuvre.

Car Françoise Pétrovitch, qu’elle utilise la vidéo, la sculpture ou la peinture, dessine sans cesse des mutismes éloquents. Comme peut l’être le regard d’un animal ou celui du Gilles de Watteau ou de La muta de Raphaël, la muette, la peinture est muette en effet. En-deçà des mots peut donc être le sujet de l’oeuvre et les corps qui souvent flottent dans l’apesanteur d’un espace sans coordonnées physiques, devient un paysage, c’est-à-dire un proche et un lointain, une évidence auprès de nous, et des risques ou des évènements dissimulés plus loin.
Depuis une trentaine d’années Françoise Pétrovitch construit ce monde dont chaque partie manifeste l’instabilité, des sentiments, des humeurs, des corps des animaux, des adolescents ou des adultes ou des fleurs auxquels l’artiste donne la grace inquiète de leurs imminentes métamorphoses. Rien n’est stable, rien n’est durable, la brume ou l’eau emporteront ces apparitions d’apparences.

Une exposition en ce moment présente la force et la diversité de cette œuvre si particulière au Fonds Hélène et Édouard Leclerc à Landerneau.
Lecture des textes : Emmanuel Lemire
Musiques et textes diffusés :
- ARANDEL - Interlude (variation on section 8)
Texte : Ecrits et propos sur l’art, Henri Matisse, 1908
- BIRD SHOW - Synthesizer solo
Texte : Extrait du Journal de Joyce Carol Oates 1973-1982
- CHRISTIAN LAUBA MIST - poème pour synthétiseur
Texte : Extrait de Sexy, de Joyce Carol Oates, 2005
- SURPRISE BARBUE - Chanson pour un Bernard l'hermite
Texte : Extrait de Les chutes, de Joyce Carol Oates, 2003
- PIERO UMILIANI - Synthetic water
- ARCHIVE MATISSE 1953 INA
Chargée de recherche : Maurine Roy
En partenariat avec BeauxArts Magazine.
L'équipe
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