

Gaudí fit surgir, avant la vogue de l’art nouveau, des formes influencées par la dynamique de la nature.
Isabelle Morin Loutrel (Conservateur au musée d’Orsay).
Après la pandémie de peste vers 1820, après l’épidémie de choléra au milieu du XIXe siècle la nécessité de la transformation de Barcelone, ce cœur battant de la Catalogne s’imposa. Artisans, artistes, architectes, urbanistes s’emparèrent de la ville et la libérèrent de son carcan médiéval.

Parmi les poètes, les artistes, qui permirent alors à cette capitale de connaître une nouvelle Renaissance, ce fut ce qu’on appelle le modernisme catalan qui se développa pendant quarante ans et se distingua nettement du reste de l’esthétique dominante en Europe. Apparut une figure splendide au centre de cet élan le grand bâtisseur Antoni Gaudí. Il devint la figure admirée, contestée qui fit surgir des pierres une vingtaine de chefs-d’œuvre, qui apportèrent un langage étrange, visionnaire, habité par le passé certes, mais dans une entreprise de métamorphose des signes qui lui donna une originalité absolue.

Alors que l’on bâtissait à Paris le Sacré-Cœur, que les églises néogothiques continuaient d’être la norme de la construction religieuse et le néoclassicisme celui des temples laïcs, Gaudí fit surgir, avant la vogue de l’art nouveau, dans ses réalisations pour le grand mécène Eusebi Güell et évidemment pour son chef-d’œuvre Sagrada Família, des formes influencées par la dynamique de la nature, la pensée symbolique, une connaissance syncrétique des styles et des cultures méditerranéennes et un christianisme hyperbolique. Il apporta aussi une manière d’embrasser la totalité structurelle et décorative des bâtiments pour réaliser une œuvre d’art totale qui lui donne une place unique dans l’histoire de l’architecture.

Une première rétrospective en France après celle, extraordinaire aussi, du musée de Nîmes il y a presque quarante ans permet de découvrir les réalisations fascinantes de ce grand artiste.
Lecture des textes : Andréa Brusque
Musiques diffusées :
- 4 piezas españolas pour pianos. Cubana / Manuel de Falla
- Suite Intermezzo e Danza Finale pour violoncelle / Gaspar Cassadó
- Guitar Sonata in D Minor, Op. 61: I. Allegro / Joaquín Turina
- Rapsodie espagnole Malagueña / Maurice Ravel
- L'Amour sorcier (El Amor Brujo), Danse rituelle du feu - Suite pour piano / Manuel de Falla
- Rapsodie espagnole Prélude à la nuit/ Maurice Ravel
Chargée de recherche : Maurine Roy
En partenariat avec Beaux Arts Magazine
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