Images en exil

Des hommes et des femmes qui marchent sur la carte du monde
Des hommes et des femmes qui marchent sur la carte du monde - Klaus Vedfelt
Des hommes et des femmes qui marchent sur la carte du monde - Klaus Vedfelt
Des hommes et des femmes qui marchent sur la carte du monde - Klaus Vedfelt
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De Masaccio à Carpaccio, de Baldung Grien à Chagall ou Robert Capa, de Zineb Sedira à Francis Alÿs, Maurice Fréchuret, auteur de Images d'exil, nous indique dans son livre la forte impression que n’a cessé de provoquer ce phénomène douloureux chez les artistes d’autrefois et d’aujourd’hui.

Avec
  • Maurice Fréchuret

Alors que chaque jour les discours qui exacerbent l’inquiétude ou la haine nous empêchent de scruter en profondeur le phénomène central passé et futur des migrations, alors qu’au moment même où je parle cinq millions d’Ukrainiens fuient la terreur de la guerre et d’autres au Moyen-Orient, en Afrique, en Chine celles des persécutions ou des misères, un livre vient de paraitre qui s’intitule Images de l'exil aux presses du réel.

Exil c’est un néon rouge que l’artiste Adel Abdessemed a fixé sur le mur avec la police typographique avec laquelle on indique habituellement les sorties de secours : EXIT.

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Exil ce sont des foules errantes qui rampent sur la surface grumeleuse des 4 petits tableaux qu’Honoré Daumier laissa dans son atelier à la fin de sa vie sans que le lieu ou les circonstances de ces fuyants ne soient identifiables, comme s’il s’agissait simplement d’une condition permanente de l’humanité.

Et en effet, l’historien d’art et écrivain Maurice Fréchuret vient de publier sur ce sujet un livre profond  et important. Nous y découvrons comment les artistes, "ces sentinelles sur le sentier à perte de vue des qui-vive" ainsi que les qualifiait André Breton, ont représenté ces exilés qui de la fin du Moyen Âge à aujourd'hui hantent leur conscience, nos consciences.

À lire ce livre il est difficile de ne pas considérer les migrants et les déplacés comme des figures centrales du monde ancien et encore plus de notre monde contemporain. Et de Masaccio à Carpaccio, de Baldung Grien à Chagall ou Robert Capa, de Zineb Sedira à Francis Alÿs, Maurice Fréchuret, l’auteur nous indique le souci, la forte impression que n’a cessé de provoquer ce phénomène douloureux chez les artistes d’autrefois et d’aujourd’hui.

Alors qu’on les appelle réfugiés ou migrants, clandestins ou sans-papiers qu’on les réprouve ou qu’on les aide, leur présence insistante dans nos vies comme dans l’art montre une situation qui donne de la mondialisation une image terminale.

Là ou la peinture fit  selon les règles académiques de la guerre un genre épique, les figures de l’exil sont comme le revers de la célébration de ces héroïsmes. Malheur, déréliction, accablement des corps et des cœurs sont le spectacle exact, l’inverse exact des hauts faits guerriers que l’art célébra aussi.

Pour parler de ce sujet terriblement brûlant j’ai le plaisir de recevoir Maurice Fréchuret…

Lecture des textes : Sophie Daull

Musiques et textes diffusés :

  • Into the cave / Part A / The journey - Katerina Tzedaki + lecture de La peste d'Albert Camus 
  • Burial – Antidawn + lecture de Contrepoint de Mahmoud Darwich 
  • Puls.Ar (version courte) - Scizhic InzC + lecture de Exil de Guy de Maupassant 
  • Maggot Soup - Acte Vide + lecture de Réflexions sur l’Exil d'Edward Saïd
  • BOB Entretien de Paul Virilio
  • Susumu Yokota & Rothko - Reflections and Shadows + lecture d'Ovide 
  • Biosphère – Translation + lecture de Lettre à M. Villemain de Victor Hugo 
  • Outputmessage – Metal +  lecture de L’inégalité des vies Leçon inaugurale de Didier Fassin 

Chargée de recherche : Maurine Roy

En partenariat avec Beaux Arts Magazine.

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