

A travers le parcours foisonnant d'Alain Fleischer
- Dominique Païni Théoricien, écrivain, critique et commissaire de d’exposition
- Alain Fleischer Cinéaste et écrivain
Une exposition peut être montée comme un film : à l’entrée un bateau, un jouet fraie sa route dans un petit bassin. Il écarte des miroirs brisés dont les éclats flottent sur la surface et qui renvoient sur les murs les images projetées sur eux. Tout se disloque et apparait puis disparaît à nouveau. Un peu plus loin dans un couloir un chef d’œuvre bien connu des amoureux de l’art et des amoureux tout court. Un merveilleux visage de femme est projeté sur les pales d’un ventilateur. Curieusement, impassiblement, ses cheveux paraissent animés par le souffle de celui-ci et seul le vent produit par l’hélice, qui hélas s’arrêtera, retient l’image de l’aimée. Un peu plus loin des photos et des projections et des tableaux et des films entraînent le regardeur dans une aventure générale puisque c’est de titre donné par Alain Fleischer à l’exposition exceptionnelle qu’il a disposé pour nous au 104, ce centre culturel parisien bien connu. Alain Fleischer n’est pas l’écrivain qui a écrit plus de 40 livres, ni le cinéaste qui a réalisé plus de trois cent films, ni le directeur du lieu utopique et pourtant réel l’école laboratoire expérimental du Fresnoy à Tourcoing dont sont, depuis qu’il l’a inventé, issus tant de grands artistes. Enfin ce n’est pas non plus le plasticien dont je viens d’énumérer quelques oeuvres ou plutôt c’est celui dont tous les moments de la vie doivent devenir une œuvre quelqu’en soit le support. Tenter de retenir la félicité, le désir le feroce-eros , les sentiments, la mélancolie, la vie des autres celles de son amour un peu de la sienne aussi par l’art et la poésie. Une poésie émotionnelle affective aimante et pourtant mélancolique. Une exposition inoubliable d’un extraordinaire artiste qui montre l’effort probablement vain de conserver par la poésie l’intensité de la vie. Mais qui le montre en faisant de chaque objet, de chaque installation, de chaque photographie, une surprise, une expérimentation, une invention d’un stratagème mais sublime pour sauver un peu de ce qui exista. Un sillage de 40 ans d’une création qui place son œuvre pourtant, jusqu’alors mystérieusement, dérobée pour l’essentiel au public au plus haut niveau des artistes des dernières décennies.
Alain Fleischer : l’aventure générale à partir du 15 janvier 2021 au 104



Lecture des textes : Johanna Nizard
Chargée de recherche : Maurine Roy
Musiques diffusées
- Trouringh par Machinefabriek ( Introduction du livre sur l'exposition d'Alain Fleischer : L'Aventure générale)
- Terre Thaemlitz, Resistance To Change Parts 2 & 3 ( Extrait de ''La nuit'' d'Olivier Kaeppelin)
- Porselein par Machinefabriek (Jean-Jacques Lebel à propos d'Alain Fleischer)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation