L’hypnose n’est pas souvent convoquée dans les musées. Pourtant, elle est omniprésente, de manière délibérée ou inconsciente, dans le champ de la création. De Gustave Courbet à Auguste Rodin, en passant par Salvador Dalí ou encore Fritz Lang. Partez pour une lecture hypnotique de l’art !
- Pascal Rousseau Professeur d’histoire de l’art contemporain à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Thomas Clerc Professeur et écrivian
- Catherine Contour Chorégraphe
Nous avons une invitée surprenante aujourd'hui qui, de la fin du XVIIIe siècle à aujourd'hui, a eu une histoire et une influence mal connues sur la création. En effet, comment les artistes à la recherche de visions intérieures, d'exploration du moi, d'expression des régions inconnues de la conscience, ne se seraient-ils pas passionnés pour l'hypnose. Car c'est elle notre invitée aujourd'hui, l'hypnose qui permet une plongée dans les profondeurs de la psyché et qui fascine Courbet comme Marcel Duchamp, les Romantiques comme les Surréalistes, Rodin comme Egon Schiele. Qui continue pendant tout le XXe siècle à intéresser les poètes de la beat generation, et aujourd'hui encore, les artistes comme Matt Mullican ou Tony Oursler. L'hypnose est donc l'objet d'une exposition qui a lieu au musée des beaux-Arts de Nantes sous le titre de Hypnose art et hypnotisme de Messmer à nos jours, une exposition conçue par le grand historien d'art Pascal Rousseau que j'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui.
A venir : Exposition Hypnose au Musée d'arts de Nantes, du 16 octobre 2020 au 31 janvier 2021
Lecture des textes : Andréa Brusque
- Lecture 1 : Sur Mesmer et le magnétisme animal
« La maison de M. Mesmer est comme le Temple de la Divinité [...]. Tout y annonce un attrait, un pou- voir inconnu; ce sont des barreaux magnétiques, des B baquets fermés, des baguettes, des cordages, des arbustes fleuris et magnétisés, divers instruments de musique, entre autres l’harmonica, dont les tons flûtés éveillent celui-ci, donnent un léger délire à celui-là, excitent le rire et quelquefois les pleurs: joignez à ces objets des tableaux allégoriques, des caractères mystiques, des cabinets matelassés, des lieux particuliers destinés aux crises, un mélange confus de cris, de hoquets, de soupirs, de chants, de gémissements. On est forcé de convenir que ce nouveau genre de spectacle est très piquant et qu’il ne fallait rien moins que le plus fort génie pour le produire. » (page 16)
Musique : Psaume 23 : Gott ist mein Hirt op posth 132 D 706 - pour harmonica de verre Franz Schubert
- Lecture 2 : Sur le somnambulisme de Théophie Bra
À la date du 26 juin 1826, Bra note fébrilement : « Tout à coup, je fus saisi dans l’atelier d’impulsions fortes, dominatrices, irrésistibles, ma main s’attacha magnétiquement à ma table et traça les premiers signes idéographiques. Les jours suivants, je dessinais, j’écrivais, je parlais involontairement, sans que mes facultés intellectuelles fussent troublées [...]. Je me soulève alors et machinalement je cherche plume, encre, papier, pose ma main sur la page et la regarde dessiner, écrire, etc. Je sens le mouvement qui suit et obéit à l’impulsion reçue » (page 60)
Musique : Christian Zanessi ‘’Constructions métalliques ‘’
- Lecture 3 : Sur l’hypnotisme comme modèle au passage du siècle
« Desnos abandonne sa tête sur la table comme un coup de tonnerre – et il écrit. Il dessine aussi. On lui pose des questions et il répond pour chacun ou pour tous dans un style mystérieux, symbolique, des choses mieux que la réalité si elles ne sont pas la vérité [...]. Péret la tête sur le bras répond aux questions d’un air extasié, absolument angélique, d’une voix douce et fine, aérée, détachée, lointaine. Ce personnage stupide et vulgaire devient un être ailé, hors d’atteinte. Et il est en même temps si comique et si heureux que c’est un éclat de rire qui l’écoute. Hier, il était encore assis droit sur sa chaise quand il s’écrie: “Tonnerre de Dieu! Tonnerre de Dieu, mais je suis une fleur !” Et, en effet, il est une fleur, dans une forêt de la Bolivie, sur la branche d’un arbre très fleuri. » (page 235)
Musique : Taylor Deupree ‘’Echo affinity ‘’
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