Par Christian Rosset
Réalisation Manoushak Fashahi
Bien qu’ayant été très tôt touché par le désir de peindre, bien qu’ayant exposé et publié dans plusieurs journaux, Frédéric Pajak, né en décembre 1955, voit paraître ce qu’il reconnaît comme son premier “récit écrit et dessiné”, Martin Luther, l’inventeur de la solitude, en 1997. Pour qui suit attentivement son parcours, chaque année ou presque, depuis, est l’occasion de découvrir en librairie un ou plusieurs livres qu’il signe le plus souvent seul.
Cette émission – en forme de portrait – commence par ces mots : “Je suis enfant, dix ans peut-être. Je rêve d’un livre, mélange de mots et d’images. (…) J’ai seize ans. J’entre aux Beaux-Arts et je m’y ennuie. Six mois plus tard, je claque la porte. (…) Je deviens couchettiste dans les wagons-lits internationaux. Le livre ressurgit la nuit dans un train, près de longues heures de bavardage avec un voyageur qui ne trouve pas le sommeil. Au petit matin, dans un café de Rome à côté de la gare, j’ai un titre : Manifeste incertain.”
Depuis 2012, Manifeste incertain paraît, annuellement, aux Éditions Noir sur Blanc. Trois tomes déjà, dont le dernier a obtenu le Prix Médicis Essai : work in progress dirait Joyce (auquel il a consacré une biographie très singulière en 2001).
Depuis 2002, Frédéric Pajak publie aussi le travail des autres – ceux que son œil aiguisé a élus. Sous forme de revue (Le Cahier dessiné) ou de livres – monographies, recueils, anthologies – d’une toujours très belle facture (Les Cahiers dessinés). Du 21 janvier au 14 août 2015, la Halle St Pierre à Paris propose une exposition de dessins, ample et assourdissante (comme du “silence noir sur le bruit blanc”), liée à ce travail d’édition rigoureux et obstiné, qui obtient, de jour en jour, un retentissement remarquable, preuve que le dessin – au sens le plus large – n’est plus aujourd’hui, une discipline mineure des arts plastiques.
Montant, en alternance, des prises de son effectuées lors d’une traversée de cette exposition en sa compagnie (un jour d’ouverture au public) et au domicile silencieux de Frédéric Pajak (les fenêtres donnant sur la cour d’un couvent), le projet de cet Atelier est de faire un portrait de l’artiste dans un miroir à trois faces qui multiplierait les reflets jusqu’au vertige, afin d’inciter le regard et l’écoute à frayer ensemble, de manière aventureuse.
**Textes de Frédéric Pajak lus par Anne Steffens et l’auteur **
Musiques et partition sonore : Christian Rosset. Avec quelques fragments du Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen.
Prises de son Mathieu Touren
Mixage Julie Garraud
L'équipe
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