Plier, déplier : Simon Hantaï, un portrait

France Culture
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par Christian Rosset

réalisation Gaël Gillon

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"Tabulas", vue de salle exposition Simon Hantaï
"Tabulas", vue de salle exposition Simon Hantaï

Simon Hantaï, né à Bia (Hongrie) en 1922, s’installe à Paris à l’automne 1948. Il a marqué de son empreinte l’histoire de la peinture pendant plus de trente ans, du surréalisme de sa jeunesse (avec lequel il rompra avec véhémence) au “pliage comme méthode”, en passant par une période gestuelle et une autre dite de “petites touches et écriture”. Toute sa vie, il a pensé l’émergence d’un nouvel espace, jusqu’à peindre quasiment en aveugle, afin de décrasser le regard de ce qui aurait pu le gâter et retrouver une forme de toucher plus juste, plus sensible. La première rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1976 au Musée national d’art moderne, dans les locaux du Palais de Tokyo – exposition inoubliable pour qui a eu la chance de la traverser. Fin 1982, il annonce qu’il “se retire”.

Depuis ce retrait, quelques accrochages ponctuels, mais nulle rétrospective de l’œuvre prise dans sa totalité. Près de cinq ans après la disparition de l’artiste, c’est aujourd’hui chose faite et le résultat est éblouissant, tant les grandes œuvres d’Hantaï tiennent le mur, ouvrant de multiples dialogues, aussi bien entre elles qu’avec qui les regarde. Le silence est enfin rompu, sans pour autant perdre cette qualité – cette exigence – de silence que ses toiles, surtout depuis la fin des années 50, nous font si intensément ressentir, tout au long d’un parcours à la fois strict, chronologique, et ouvert à tous cheminements.

Dans la résonance de la mort de Simon Hantaï, Dominique Fourcade a écrit (dans Manque, POL) : “À Meun, il y avait une théière ébréchée qui enregistrait non seulement les thés, mais toutes les conversations. Je l’aimais. Elle enregistrait aussi les décisions de peinture dans l’atelier d’à côté.” Sans théière, mais avec nos moyens propres de prise et d’agencement des sons, nous cherchons – comme le peintre, à tâtons – à faire surgir un espace de partage des sensations, des émotions, des réflexions, bref à faire passer cet émerveillement (mot plus d’une fois entendu de la bouche d’Hantaï, alors qu’il en rejetait tant, notamment le mot “créateur”) que nous a procuré ce travail qui ne peut être montré, et à peine décrit, à la radio.

"Peinture (Écriture rose)" et  "À Galla Placidia", vue de salle exposition Simon Hantai
"Peinture (Écriture rose)" et "À Galla Placidia", vue de salle exposition Simon Hantai
Portrait du peintre Simon Hantai vers 1970
Portrait du peintre Simon Hantai vers 1970

Avec

Les commissaires de l’exposition Simon Hantaï au Centre Pompidou : Dominique Fourcade (écrivain Sans lasso et sans flash Manque, POL), Isabelle Monod-Fontaine et Alfred Pacquement .

Les peintres : Pierre Buraglio , Frédérique Lucien et Jean-Michel Meurice (par ailleurs, auteur de deux films sur Simon Hantaï projetés dans l’exposition).

Molly Warnock (Penser la peinture : Simon Hantaï, Gallimard, 2012)

Et la voix de **Simon Hantaï ** (enregistré en 1999 dans son atelier parisien)

Quelques plis pour Simon Hantaï, “work in progress” musical de Christian Rosset, composé et réalisé de 2004 à 2013 dans les studios du GRM.

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