Les intellectuels ont-ils encore du pouvoir ?

Sudhir Hazareesingh et Marcel Gauchet
Sudhir Hazareesingh et Marcel Gauchet ©Radio France
Sudhir Hazareesingh et Marcel Gauchet ©Radio France
Sudhir Hazareesingh et Marcel Gauchet ©Radio France
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Aujourd'hui, le sujet de "L'atelier du pouvoir" interroge le pouvoir des intellectuels.

Avec
  • Sudhir Hazareesingh Historien et professeur à Oxford, auteur Le Mythe Gaullien, Paris, Gallimard, 2010
  • Marcel Gauchet philosophe et historien, directeur d'études à l'EHESS

Il ne s’agit pas de commenter une fois de plus ce mouvement maintes fois constaté. On rappellera que certains intellectuels n’ont pas renoncé à avoir une influence sur le pouvoir, et continuent de faire la Une des magazines et de la presse nationale : on pense au plus médiatique et au plus contesté d’entre eux, BHL, ou à des personnalités comme Alain Finkielkraut, Emmanuel Todd, Régis Debray ou Edgar Morin, entre autres.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas de se constituer en médecins légistes de la vie intellectuelle française mais de comprendre l’évolution du pouvoir des intellectuels dans la société, et leur relation à la sphère politique et au débat public.

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On peut souligner à ce titre deux phénomènes qu’il conviendra d’analyser : d’une part l’évolution globale de la vie intellectuelle française vers des positions que leurs homologues des temps passés auraient qualifié de conservatrice, en tous cas proches d’un nationalisme républicain fermé.

D’autre part, il faut évoquer le silence sidéral du monde universitaire sur les grandes questions politiques, celui-ci refusant de constituer la relève de ses prestigieux prédécesseurs, se retranchant du débat médiatique et du champ politique au nom de la neutralité du savoir. Entre crainte d’être instrumentalisés et mépris des polémiques, les universitaires se sont progressivement coupés de l’opinion et du pouvoir, et par conséquent de tout espoir d’influencer les choix politiques dans notre société.

Quel est leur rapport à la décision politique ? 

Pour en parler, nous recevons Sudhir Hazareesingh , historien britannique, qui enseigne la science politique à l'université d'Oxford et auteur de Ce pays qui aime les idées  (Flammarion, 2015) et Marcel Gauchet,  historien, philosophe rédacteur en chef de la revue Le Débat.

Le rapport de l'intellectuel au politique a beaucoup évolué, il y a une certaine distance, on pourrait même dire un certain abîme entre le monde politique et le monde intellectuel. Et ça vient de deux choses : ça vient d'une part que les politiques eux-mêmes sont de moins en moins demandeurs de cette parole intellectuelle, et d'autre part il y a eu ce qu'on pourrait qualifier de retrait volontaire des intellectuels de la vie publique. Sudhir Hazareesingh

Dans la vie publique, je pense que le poids des intellectuels s'est beaucoup réduit, en tous cas du point de vue de l'imaginaire collectif. Je ne vois plus de maître à penser, je ne vois plus de guide spirituel, je ne vois plus d'éclaireur de l'avenir comme la grande tradition des intellectuels français a pu le représenter. Ça accompagne tout simplement le déclin des grandes idéologies et de l'idée de révolution en France qui a une place toute particulière dans la culture de ce pays.Le grand tournant se situe à la fin des années 70 au début des années 1980. Marcel Gauchet

Archives/extraits sonores:

-Jean Duvignaud , « Le rêve de l’intellectuel est de conseiller le prince… ». A voix nue, France Culture,1990

-Régis Debray  (Inter actualités, 1er juin 1986). Il revient sur son livre Le Pouvoir intellectuel en France , paru en 1979.

-Bernard-Henri Lévy , interrogé par Sébastien Le Fol (pour lefigaro.fr, mai 2012)

La séquence internationale sera consacrée à la Turquie, avec Guillaume Perrier,  journaliste. Il nous parlera du rapport des intellectuels au pouvoir en Turquie depuis l'avènement des néo-islamistes.

A demain Gramsci
A demain Gramsci

L’intérêt du livre de Brustier est de réhabiliter le combat des idées comme clé de la victoire politique. Plutôt que de courir après les thématiques de la droite et de l’extrême droite, il s’agit pour la gauche de proposer une vision alternative et globale du monde et de son avenir à l’image, et c’est un exemple surprenant sous la plume de Brustier, du Pape François, qui fait du peuple le centre de sa théologie de « piété populaire » et sa doctrine sociale. Podemos constitue un autre exemple d’un mouvement ayant fait du combat intellectuel et culturel un élément majeur de sa lutte politique pour redessiner les rapports de force et les enjeux de lutte. 

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