Pourquoi tant de violence ?

Manifestation à Rennes contre le CPE, avril 2006
Manifestation à Rennes contre le CPE, avril 2006 ©Reuters - Daniel Joubert
Manifestation à Rennes contre le CPE, avril 2006 ©Reuters - Daniel Joubert
Manifestation à Rennes contre le CPE, avril 2006 ©Reuters - Daniel Joubert
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La violence politique exercée au centre des mouvements sociaux– occupations, séquestrations, destructions de biens publics, ou à leur marge par les casseurs, si elles ne participent pas de la même logique, sont mises en miroir des excès de l’autorité policière dans le maintien de l’ordre.

Avec
  • Olivier Cahn professeur de droit pénal à l'université de Tours et spécialiste de la politique de maintien de l'ordre, membre du CESDIP
  • Hugo Melchior historien spécialiste des mouvements étudiants et de l’extrême-gauche en France. Auteur de Blouses blanches et Gwenn ha Du. La grève oubliée des étudiants en médecine de Rennes publié en 2020 aux Éditions Séditions
  • Daniel Vaillant

Dans les démocraties contemporaines, on sait grâce au sociologue allemand Max Weber que le monopole de la violence physique légitime est censé revenir à l’Etat. Toute la construction de l’entité étatique s’est historiquement fondée sur l’interdiction à tout autre acteur du jeu social d’exercer une violence : hier les grands seigneurs qui pouvaient contester l’autorité du roi, puis progressivement les grandes organisations collectives comme les syndicats ou les partis, et bien entendu les citoyens.

De fait, la violence politique est plus faible que jamais dans la société française, ce qui ne l’empêche pas d’être ressentie très fortement par nos concitoyens lorsqu’elle survient.

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La violence politique exercée au centre des mouvements sociaux– occupations, séquestrations, destructions de biens publics, ou à leur marge par les casseurs, si elles ne participent pas de la même logique, sont mises en miroir des excès de l’autorité policière dans le maintien de l’ordre.

Manifestation contre la loi Travail à Nantes, 2 juin 2016
Manifestation contre la loi Travail à Nantes, 2 juin 2016
© Reuters - S.Mahe

" (...) Les violences relèvent d’une stratégie, celle de la tension. Il s’agit de maintenir, d’entretenir, de faire perdurer la conflictualité, par-delà la manifestation de masse. Cette stratégie est pensée comme associée à la massification indispensable du mouvement, en vue d’un recul satisfaisant du gouvernement. En effet, l’histoire des mouvements sociaux montre qu’il est difficile de faire plier un gouvernement sans assumer le fait d’aller au-delà du seul droit de manifester pacifiquement."
Hugo Melchior

Ce qui se joue dans le rapport à la violence, c’est le décalage entre une société de droit idéale et consensuelle et la société réelle. Dans l’une, les conflits devraient se résoudre par la négociation et les débordements réprimés par une police légitime. Dans l’autre, les conflits politiques et sociaux donnent à la violence un rôle plus ou moins central.

Le rapport à la violence pose également la question ambiguë de sa légitimité : certaines formes d’action violente sont jugées plus légitimes que d’autres.

Comment se manifeste la violence dans la vie sociale et par qui est-elle exercée ? L’Etat devrait-il exercer effectivement le monopole de la violence ? Comment l’autorité politique fait-elle face à cette violence ?

Pourquoi tant de violence dans notre vie sociale ?  C'est la question que nous posons à nos invités:

Olivier Cahn, maître de conférences à la faculté de droit de Cergy-Pontoise, chercheur sur les violences et radicalités militantes en France (CESDIP-CNRS);

Hugo Melchior, doctorant à Rennes II, qui fait l’objet d’une interdiction de participer aux manifestations contre la loi travail en France (auteur d'un article sur la figure du "casseur" sur le site The Conversation)

et Daniel Vaillant, député, ancien Ministre de l’intérieur du gouvernement Jospin de août 2000 à mai 2002.

Liens

Quel est le vrai visage des casseurs ? par Hugo Melchior et Philippe Kernaleguen, The Conversation, mai 2016

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