"Finir en beauté" de Mohamed El Khatib

Mohamed El Khatib
Mohamed El Khatib - Yohanne Lamoulère / Tendance Floue
Mohamed El Khatib - Yohanne Lamoulère / Tendance Floue
Mohamed El Khatib - Yohanne Lamoulère / Tendance Floue
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Je n’ai pas toujours demandé les autorisations utiles. Je ne me suis pas posé la question de la limite, de la décence, de la pudeur.

J’ai réuni l’ensemble du "matériau-vie" à ma disposition entre mai 2010 et août 2013. Je n’ai pas toujours demandé les autorisations utiles. Je ne me suis pas posé la question de la limite, de la décence, de la pudeur. J’ai rassemblé ce que j’ai pu et j’ai reconstruit. Tout est allé très vite et sans préméditation. Cette fiction documentaire est restituée ici arbitrairement sous la forme d’un livre, de façon chronologique, à peu près linéaire. Il n’y a aucun suspense, à la fin on sait qu’elle meurt et que son fils est très très triste. On sait également que si c’était à refaire, j’agirais sans doute différemment. J’aurais été un fils irréprochable. Les parents se demandent toujours s’ils ont été de bons parents. Mais nous, est-ce qu’on a été de bons enfants ? On a été des enfants au niveau, nous ? On a été des enfants olympiques, nous ? 

M. El K.

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En partenariat avec le Théâtre de la Ville

Depuis des mois, les théâtres sont fermés, les spectacles ne sont plus ni créés, ni repris, les auteurs ne sont plus joués. Face à cette situation, France Culture mobilise une partie des moyens du service des fictions pour le soutien aux acteurs, aux auteurs, aux metteurs en scène à travers une politique de captation de spectacles sur l’ensemble du territoire. Une à deux fois par mois, nous diffuserons un spectacle qui n’a pas trouvé son public, enregistré en région, dans la banlieue parisienne ou à Paris, théâtre public, théâtre privé. D’ores et déjà, des accords de coproduction sont établis avec des centres dramatiques, des scènes nationales ou des compagnies.   Ces retransmissions de qualité offriront une audience à des œuvres fauchées en plein vol, qui n’ont jamais pu être montrées au public car annulées ou reportées, ou privées de tournée. Cette politique de captation est une réponse au présent mais aussi une fabrique des archives de demain. C’est dans ce cadre que nous diffusons le week-end du 23 janvier, en partenariat avec le Théâtre de la Ville et le Festival d’Automne, trois spectacles de Mohamed El Khatib, dont l’un fut créé par France Culture au festival d’Avignon en juillet 2019.

Blandine Masson Conseillère de programme pour les Fictions de France Culture

Version radiophonique en direct sur France Culture le 6 octobre 2015 d’après le spectacle créé en 2014 dans le cadre du festival Actoral

Réalisation Christophe Hocké
Conseillère littéraire Céline Geoffroy

Equipe technique Martin Delafosse, Olivier Depré Assistante à la réalisation Cécile Laffon

Ce texte est publié sous le titre Finir en beauté (Pièce en un acte de décès) aux Solitaires intempestifs.

Né en 1980, le perfomer, auteur-metteur en scène et réalisateur Mohamed El Khatib, s’applique à ne devenir expert d’aucun domaine. Après une carrière éclair de footballeur, diplômé de Sciences Po, il se consacre à une thèse en sociologie, puis cofonde, en 2008, le Collectif Zirlib autour du postulat : l’esthétique n’est pas dépourvue de sens politique. Depuis, il développe des projets de fictions documentaires singuliers dans le champ du théâtre, de la littérature ou du cinéma. À travers des épopées intimes, il invite tour à tour un agriculteur, une femme de ménage, des marins, à co-signer avec lui une écriture du temps présent. Après Moi, Corinne Dadat qui proposait à une femme de ménage et à une danseuse de faire un point sur leurs compétences, il a poursuivi son exploration de la classe ouvrière avec la pièce monumentale, STADIUM, qui convoque sur scène 58 supporters du Racing Club de Lens. Mohamed El Khatib a obtenu le Grand Prix de Littérature dramatique 2016 avec la pièce Finir en beauté où il évoque la fin de vie de sa mère. Son texte C’est la vie primé par l’Académie française en 2018, vient clore ce cycle sur la question du deuil, qui démontre qu’une comédie n’est qu’une tragédie avec un peu de recul… Il a initié avec le Festival d'Automne une série de performances dialoguées avec le cinéaste Alain Cavalier dans Conversation, avec l'historien Patrick Boucheron dans Boule à neige puis avec la plasticienne Valérie Mrejen sur la vie de gardien de musée dans Gardien party. Enfin, c’est au cinéma qu’il aborde la question de l’héritage dans son film Renault 12, un road movie entre Orléans et Tanger sur les écrans en 2019.