
L’Atelier intérieur est à New York avec Marina Abramovic
L'Atelier intérieur s'ouvre à Marina Abramovic. A sa présence. Sa façon d’être là, de ne pas se laisser avoir par le temps. Puisque comme elle vient d’un pays qui n’existe plus, l’ex Yougoslavie, elle appartient au présent, depuis qu’elle a quitté Belgrade à 29 ans. Quand on a des parents partisans, héros de la grande guerre, proches de Tito… et qu’on décide de s’allonger sur l’étoile rouge en feu, ou d’en faire au rasoir une étoile de sang sur son corps, on se choisit déjà une autre vie, une autre façon d’être là. Eux lui font croire qu’elle est née un 29 novembre jour de la République Yougoslave. Jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’elle est née le jour d’après, le 30. Rendez-vous manqué avec ses parents, qui l’on élevée comme un petit soldat. Elle a donc choisi l’art comme elle aurait choisi l’armée. Elle s’est mise au service de la performance, elle a donné son corps et plus tard sa vie. C’est le début du « Body art », ce sont les années 70, c’est radical. On met sa vie en jeu. Pendant 10 ans elle ils ont été un duo avec Ulay son amant. Elle cherche avec lui puis seule, ce moment où l’on se sent vivant 40 ans après, elle l’a peut-être trouvé. L’image de départ ce soir serait celle-là : elle est là. The Artist is present c’est son exposition au MOMA en 2010. Pendant trois mois, 700 heures, elle reste assise et l’on peut venir s’asseoir face à elle, échanger un regard. Ca peut durer deux, trois minutes ou des heures. Vous décidez quand vous lever. Ca paraît rien et c’est devenu tout. C’est devenu : être regardé. Prendre le temps. Vivre le présent et voir si sa vie en est à la hauteur. C’est devenu la vie, et c’est devenu fou. On attendait 6,7,8 heures s’asseoir face à elle, qui s’amuse à voir ce qu’on a à se dire sans parler. Après un regard échangé avec un étranger pendant des heures, on n’est plus le même. Alors elle veut un lieu pour préserver cet art qui travaille les moments vivants dans la durée, qui prend le temps : l’Institut Marina Abramovic va ouvrir à Hudson. Ca n’a rien à voir avec un musée, ce sera un lieu à expérimenter. Elle a 68 ans. Elle ne les fait pas et même quand on la regarde dans les yeux à quelques centimètres du visage. Mais elle a en elle des époques. Des continents différents. Elle a en elle, maintenant, quelque chose qui peut nous apprendre à être présent. Elle le sait. Elle pense même que sans elle on pourrait y arriver, à dépasser le temps, à être ici et maintenant. Vous écoutez France Culture, il est 23h. The Artist is present . Elle est là. Mais à minuit sans l’artiste, on saura être dans le présent, il n’y aura plus le temps : on sera, nous, le présent
Rencontre avec Marina Abramovic , à propos de son projet d’Institut Marina Abramovic à** Hudson** (à deux heures de New York). Le but : accueillir des performances qui travaillent sur la longue durée. A l’entrée de l’Institut, le visiteur devra signer un contrat où il accepte de rester au moins 6h. **Serge Le Borgne a pris la direction de l'Institut et ** l'accompagne pour porter le projet.
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Paco Blancas, qui s’est assis 21 fois face à Marina Abramovic lors de sa performance « The Artist is Present » au MOMA . Il a tatoué sur son bras « 21 ».
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**Suzanne Dikker, chercheur en psychologie à New York University, ** qui travaille sur le cerveau de Marina Abramovic pour son projet « Measuring the magic of mutual gaze », à partir de la performance « The Artist is present », elle étudie les communications non verbales entre deux êtres qui se regardent.
Marina Abramovic, la rencontre en VO-anglais, pour l'Atelier intérieur :
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