Numéro 22. Une frontière

Numéro 22. Une frontière
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Vincent Moon, Neons
Vincent Moon, Neons
© Radio France

L'Atelier intérieur s'ouvre à la frontière. A ceux pour qui « *ici * » s’est transformé en « là-bas * ». Au fait que ce soir en studio, il y a des absents. Au fait que les présents sont là parce qu’ils ne sont pas chez eux. En étant avec nous, ils sont profondément loin. Qu’est ce qu’il y a dans une frontière ? Il y a devant et derrière. Avant et après. Le passage * est inscrit dans le passé dès qu’on l’a accompli. On dit : je suis enfin passé … et c’est du passé. Mais quand on veut garder présent ce qu’on vient de quitter, comment on fait ? Est ce que le lieu où vous êtes, vous y tenez ? Est ce que le fait d’être vous-mêmes, va avec un endroit précis ? Si vous devez prendre la fuite, il restera quoi de vous ? L’image de départ ce soir serait celle-là : ce sont deux témoins, Raphaël et Marie. Ils ont rencontré Hichem, qui n’est pas là ce soir parce qu’en ce moment, il est introuvable. Il est venu de Tunisie, 20 jours en mer pour arriver. Raphaël et Marie l’ont croisé et racontent son histoire. Ils disent : La beauté d’un paysage n’indique pas la destination d’un voyage . Parce que la mer fait croire à la beauté de ce qu’elle cache. Elle invite à forcer le passage . Parce que souvent on n’a plus le choix. Le départ est intérieur, il est acté. Avant d’être étranger ailleurs, on l’a été chez soi. Il n’y avait plus assez de soi dans cet endroit. J’ai traversé. J’ai réussi . On se sauve, on s’enfuit. On se re-crée des intérieurs. Un intérieur ailleurs. Comme Julia Kristeva le dit : c’est notre exil qui nous constitue. Nous ne devenons nous-mêmes qu’en nous échappant de nos origines . On est témoin chaque jour de ceux qui sont venus ici. On est témoins chaque jour de tout ce que l’on pourrait être amené à abandonner. Puisqu’appartenir , puisque la terre , ça sonne comme des mots anciens. Les mots nouveaux seraient : traverser, circuler, mélanger. Mais ce sont des mots de luxe. / Ce soir en studio il y a des absents. Et on ne sait pas s’ils sont vivants. Ce qui est sûr, c’est qu’à la radio on a un pouvoir immense. On est sans sol. On est dans l’air. On peut, avec du silence, faire entendre ceux qui manquent. On fera parler Hichem. Parce que finalement, on habite sa langue . Voilà ce que l’on habite. La langue que l’on parle et c’est tout. Quand Sara et Amer parleront arabe. On sera, ils seront à Damas. Le leur. Celui d’hier, d’avant, et celui qui s’entend dans leurs voix, celui qui demain, adviendra et qui permettra de dire : je vais revenir .

Amer Ahamad et Sara Kol , 21 et 25 ans, amoureux, arrivés à Paris il y a un an après avoir traversé les frontières syriennes et libanaises.

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4 min

Marie Arlais et Raphaël Rialland , pour leur ciné concert documentaire Mother Border : le récit de Hichem, jeune tunisien rencontré à Nantes puis perdu de vue .

Vincent Moon , cinéaste, qui depuis 5 ans traverse des frontières pour écouter, enregistrer les musiciens du monde entier.

**LIVE : MENDELSON, textes et chant Pascal Bouaziz. **

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Le poème de Sara - Mahmoud Darwish
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