
Journée spéciale Iran sur France Culture en amont des élections du 14 juin
L'Atelier intérieur s'ouvre aux murs iraniens. Et au dessin. Le dessin fait à la main. Le dessein comme projet. Dessiner demain, après demain et après / après / après : le 14 juin. Elections en Iran. Pas de souffle en vue mais le temps d’un soir, opter pour le vert et un peu d’espoir. Un dessin qui échappe au destin. Les murs du studio seront les murs de Téhéran. Et l’image de départ ce soir sera celle-là : le cri de Munch à la bombe de couleur sur un mur persan. En pleine ville. A1one invente le graffiti en Iran. C’est il y a 10 ans et c’était un cri. Il interpelle les passants, il inscrit ensuite «searching for friends / je cherche des amis * ». C'est-à-dire… je cherche des complices. Je cherche à ne pas être seul. Je te cherche . C’est inscrit à la bombe, la nuit en toute hâte. Un dessin sur un mur c’est comme une lettre adressée. C’est dire : je suis toujours là . C’est oser penser : suivez-moi. Quand les murs de la ville deviennent ceux d’une prison, ça se resserre. 2 mètres sur 3. Mana Neyestani ne dessine pas SUR les murs, il dessine des murs. Ceux qu’il a face à lui dans sa cellule. Qui portent les traces des autres passés par là. L’image de départ c’est aussi sa formule « Tout va bien * ». Trois mots. Répétés pour entendre l’absurdité. Tout. Va. Bien . Mana Neyestani l’a choisi comme titre ironique de son recueil de dessins. Ce sont deux hommes qui refusent de parler aux murs, qui imaginent les pierres tomber ou qui y collent leurs pensées. Puisqu’il n’existe pas encore dans la réalité, ce que Mana Neyestani a dessiné : une image d’anticipation : un détecteur de pensée comme un détecteur de métaux. On passerait dessous et tout s’entendrait. Tout comme : oui je vais continuer à dessiner. Non vous vous trompez. Non ce n’est pas offensant. Oui je suis pour les libertés, oui tu as tort et oui dans un autre temps tout sera inversé/ton pouvoir sera sapé. Ce sont deux hommes qui prolongent le trait, qui avancent plus loin que permis leurs mains. Deux hommes passés par la section 209 de la prison d’Evin. Deux hommes qui ont tenté un autre dessin. Ce sera une nuit parmi les mille et une , pour célébrer l’esprit vivant, le courage jamais mort. Puisque la poésie est dans les actes. Puisqu’à un soupir en Iran on répond par un poème.
Le chemin ce soir est celui d’un diner où l’on rêverait de demain, on se serait réunis pour transformer les murs qui enferment en des murs qui se laissent dessinés … comment le 14 juin peut-on ne pas être persan, on est en Iran et ça commence maintenant.
Goûts iraniens : le chef Ali Tavassoli ** cuisine en direct. ** (il tient le restaurant Mazeh depuis les années 80 dans le 15è arrondissement de Paris. )
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**A1one, (Tanha en farsi), graffeur. Pionnier de l'art du graffiti ** sur les murs de Téhéran avant de s'exiler en France.
**Mana Neyestani, ** dessinateur, pour **Une métamorphose iranienne ** et **Tout va bien. ** Ils parlent tous les deux français grâce à la traduction d'Arash Naimian .
**En LIVE : une voix persane, ** Niaz Nawab
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