Déconfinement, violences policières : une question de confiance ?

Le Ministre de l'intérieur Gérald Darmanin en juillet 2020 aux Mureaux.
Le Ministre de l'intérieur Gérald Darmanin en juillet 2020 aux Mureaux.  ©AFP - Thomas SAMSON
Le Ministre de l'intérieur Gérald Darmanin en juillet 2020 aux Mureaux. ©AFP - Thomas SAMSON
Le Ministre de l'intérieur Gérald Darmanin en juillet 2020 aux Mureaux. ©AFP - Thomas SAMSON
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Après le passage à tabac de Michel Zecler par des policiers et l'évacuation brutale de migrants à Paris, la question des violences policières et de la confiance dans les forces de l'ordre a ressurgi cette semaine, tandis que la France aborde depuis hier une première phase de déconfinement.

Avec
  • Emmanuel Demarcy-Mota Metteur en scène, Directeur du Théâtre de la Ville-Paris, du Festival d’Automne à Paris
  • Pascal Perrineau Politologue et professeur des Universités à Sciences Po, ancien directeur du CEVIPOF
  • Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École Normale Supérieure, Président de l'Ecole d'Economie de Paris
  • Christine Ockrent Journaliste et productrice de l'émission "Affaires étrangères" sur France Culture

Le week-end dernier à Paris, Michel Zecler, producteur de musique a croisé une voiture de police alors qu’il ne portait pas de masque. Pour éviter l’amende, il est rentré dans son studio de musique. Mais 3 fonctionnaires de police l’ont suivi dans l’immeuble : violent passage à tabac assorti d’injures racistes, 6 jours d’incapacité totale de travail, toute la scène de l’agression filmée par les caméras de vidéo surveillance du local de musique et par des riverains, et une réaction politique cette fois à la hauteur de l’indignation déclenchée par les faits : les policiers immédiatement suspendus de leurs fonctions et le ministre de l’intérieur venant s’exprimer sur France 2 pour dénoncer d’inexcusables violences policières..

« Il faut une police en république mais il faut aussi une république pour la police » avait écrit en juin dernier l’avocat Jean Pierre Mignard rappelant l’essentiel : la liberté ne va pas sans l’ordre, mais l’ordre ne va pas sans contrôle. Du contrôle pour rétablir la confiance, après les débats autour de l’article 24 de la loi sécurité globale désormais sur la sellette devant le tollé qu’il suscite – chez les journalistes notamment -, la semaine semblant avoir définitivement démontré l’utilité de filmer et de diffuser les images de policiers comme de manifestants, avec l’évacuation brutale de migrants et de leurs soutiens sur la place de la République lundi soir. 

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Une question de confiance aussi pour ce déconfinement qu’aborde depuis hier une France soulagée de voir qu’elle ne s’en sort pas si mal dans la gestion de cette 2e vague (par rapport à d’autres, notamment le voisin allemand qui lui serre la vis quand nous la desserrons). Notre vie devrait reprendre progressivement son cours normal avec les fameuses 3 étapes, 28 novembre reprise des commerces, 15 décembre fin des attestations, reprise de la vie culturelle - cinémas, théâtres -, restaurateurs, bars, boîtes de nuits et salles de concert devant eux attendre début 2021.

« La curieuse cote de confiance du chef de l’Etat » titrait d’ailleurs Libération mercredi dernier, constatant que malgré les multiples contestations, Emmanuel Macron atteint 40% d’opinions favorables, comme si les Français n’étaient paradoxalement pas aussi sévères que pouvait le laisser penser l’exaspération palpable, conscients que tous les gouvernements confrontés au covid avancent à tâtons et guère convaincus que les oppositions auraient pu faire mieux ou différemment, écrivait le journaliste Alain Auffray.

Confiance relative malgré tout si l’on en croit le scepticisme de cette moitié de Français qui dit se méfier du vaccin à venir, amenant l’exécutif à envisager la création d’un collectif de citoyens pour associer plus largement la population en parallèle du comité scientifique chargé du suivi. En France – et cela ne date pas d’hier - la confiance est toujours un chemin compliqué…

Vous pouvez retrouvez ici l'émission intégrale.