Donald Trump

Donald Trump à New York le 11 janvier 2017
Donald Trump à New York le 11 janvier 2017 ©AFP - Don Emmert
Donald Trump à New York le 11 janvier 2017 ©AFP - Don Emmert
Donald Trump à New York le 11 janvier 2017 ©AFP - Don Emmert
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avec Laure Mandeville, chef du bureau Amérique du Figaro de 2009 à 2016

Avec

DONALD TRUMP

Laure Mandeville, vous êtes journaliste et écrivain, diplômée de l’institut d’études politiques de Paris et ancienne élève de l’université de Harvard. Vous êtes Grand Reporter au Figaro pour lequel vous avez été correspondante en Russie de 1997 à 2000, puis chef du bureau Amérique de 2009 à 2016. Vous êtes l’auteur des ouvrages « L’Armée russe, la puissance en haillons », publié en 1994 et « La reconquête russe » en 2008. Vous avez suivi aux États-Unis la campagne de Donald Trump, et publié en septembre 2016 « Qui est vraiment Donald Trump », paru aux éditions Equateurs. Avec vous, nous allons nous intéresser à cette « inconnue Trump » et à la politique menée par ce dernier depuis son élection le 8 novembre 2016.

Selon Joshua Mitchell, professeur de théorie politique de l’université de Georgetown, écrire un livre sur Trump serait « une entreprise aussi difficile que tirer sur une cible en mouvement. » Cependant, vous définissez justement Donald Trump par son caractère « insaisissable », impulsif et « sans limites », par ses revirements presque schizophréniques qui ont paradoxalement contribué à son escalade politique. Eduqué dans le culte d’une société hobbésienne sans concessions où règne la loi du plus fort, l’héritier Donald Trump passe du magnat de l’immobilier New-Yorkais au milliardaire « populaire » de son émission de télé-réalité « The Apprentice ». L’homme d’affaires fascine le grand public, en vendant aux téléspectateurs, selon vous, « à la fois un rêve de succès et un principe de réalité », deux « ingrédients au coeur de la campagne » présidentielle qu’il a menée. Donald Trump apparaît dans votre livre aussi « insaisissable » qu’inclassable sur l’échiquier politique américain. Militant démocrate pro-avortement et pro-mariage gay pendant de nombreuses années, il se tourne vers les républicains en 2000, et se présente comme candidat en 2009 avec un « discours de gauche sur le commerce et les retraites, et [un] discours de droite sur l’immigration et le besoin d’ordre. »

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Le succès de Trump auprès de l’électorat américain et sa véritable « OPA » sur la convention républicaine de Cleveland relève selon vous de la rencontre entre « un homme et une grande révolte contre les élites, l’ordre en place à Washington », alors que les années Obama laissent derrière elle un pays toujours plus divisé et inégalitaire. Donald Trump entend alors « rendre sa grandeur à l’Amérique » par le biais d’une politique isolationniste et d’une économie protectionniste, fustigeant tout particulièrement l’Union Européenne, l’OTAN et les accords de libre-échange du TPP et de L’ALENA, qui auraient contribué à la précarisation du travailleur américain. L’immigration illégale est également au coeur du programme du candidat, prenant la forme d’une obsession qui rappelle selon vous les « crispations nativistes » des années 1830-1840. Les projets de construction d’un mur à la frontière mexicaine ou encore l’interdiction d’entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays concernés par le terrorisme sont aussi bien condamnés par les « anti-trump » que plébiscités par ses partisans. Déçus par les républicains et oubliés par les démocrates, la campagne de 2016 est marquée par un désir de « rupture » de la part de l’électorat américain, représenté par Donald Trump ou encore Bernie Sanders. Selon vous, une grande partie de cet électorat se cherche alors un candidat capable de « détruire le système » plutôt que de le sauver, à l’image des nombreuses « révoltes populistes » que traverse simultanément l’Europe avec le Brexit et la montée des partis d’extrême droite. Quelques mois seulement après son investiture, la politique de Donald Trump fait l’objet de nombreuses critiques et contestations, entre Muslim ban, abrogation de l’Obama Care ou encore désengagement des Etats-Unis du traité de Paris. Alors que l’enquête sur l’ingérence présumée de la Russie dans la campagne présidentielle américaine suit son cours, l'audition de l’ancien directeur du FBI James Comey devra déterminer de l’implication de Donald Trump, suspecté d’avoir obstrué la justice sur ce dossier. De nombreux démocrates réclament déjà une procédure d’impeachment.

Quel bilan dressez-vous des premiers mois de présidence du gouvernement Trump? Quel est l’avenir du parti républicain aux Etats-Unis, après la fracture liée à l’investiture de Donald Trump? Peut-on envisager une procédure d’impeachment ? Trump a-t-il véritablement détruit le « politiquement correct », et peut-on désormais imaginer un renouvellement de la communication de campagne ?