Emmanuel Macron, le dernier européen ? / Donald Trump, visage d'une époque ?

Emmanuel Macron et l'Europe; Donald Trump : c'est le programme de l'Esprit public ce dimanche. Avec Sylvie Kauffmann, journaliste au Monde, Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, Philippe Manière,  directeur du cabinet Footprint Consultants et Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.

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Première partie. Emmanuel Macron, le dernier européen ?

C’était mercredi dans le quotidien italien Il Corriere de la sera : un édito moquant gentiment le « rêve européen » d'Emmanuel Macron tel que le président français l’a exprimé mardi à Strasbourg devant les euro-députés : « Il y a le rêve et il y a surtout la réalité, la réalité d’un continent où l’idéal européen n’est plus audible, où le réalisme l’emporte sur les principes, où l’on attend d’abord "des emplois, la sécurité et une meilleure qualité de vie" » écrivait l’éditorialiste Paolo Lepri. Une Europe où deux têtes d’affiche se font concurrence : Emmanuel Macron et Viktor Orban, le premier ministre hongrois, fraîchement réélu et courtisé dans toute l’Europe, par l’extrême-droite bien sûr mais aussi par les conservateurs les plus raides. Où, en Autriche et en Italie, les dernières élections viennent de favoriser des partis pas vraiment europhiles. Et où la France ne peut plus guère compter sur une Angela Merkel coincée entre les deux composantes de sa coalition, conservateurs ET sociaux-démocrates - ces derniers torpillant régulièrement l’ambition française de rénovation de la zone euro. Dans ce contexte, les élections européennes prévues en mai 2019 apparaissent comme un test ultime pour l’Europe... et comme le nouveau défi du président Macron qui a lancé cette semaine des « consultations citoyennes » pour tenter d’intéresser les Français à un scrutin qu’ils ont coutume de bouder.

Seconde partie. Donald Trump, visage d'une époque ?

Personne ne se risque plus aujourd'hui à dire que Donald Trump est entré par effraction à la Maison Blanche. Le président américain n’est pas une anomalie de l’histoire, favorisée par un système électoral absurde, mais au contraire un homme parfaitement en phase avec son temps, dont il maîtrise la plupart des codes : usage de Twitter, goût pour le buzz et les punchlines, renvois express de collaborateurs à peine promus et à un rythme étourdissant qui emprunte à celui d’une émission de télé-réalité. Un président qui n'écrira sans doute pas d'essai sur l’exercice du pouvoir mais qui a en revanche publié en 1987 un best-seller intitulé L’art du deal... Mais tout cela ne dresse-t-il pas également un diagnostic des symptômes de notre époque :  la priorité donnée au court terme, l'absence de scrupules à faire volte-face, une indifférence aux principes moraux, voire aux Idées ? « Tout tourne autour de lui, rien ne lui est supérieur » écrit James Comey, l’ex-patron du FBI,  dans son livre Mensonges et vérités. Une loyauté à toute épreuve paru cette semaine aux éditions Flammarion. Renvoyant à l’hypernarcissime d’un siècle qui remplace les valeurs collectives par les selfies et les réseaux sociaux.