Emmanuel Macron Président de la République // le paysage politique avant les élections législatives

Emmanuel Macron et François Hollande aux commémorations du 8 mai
Emmanuel Macron et François Hollande aux commémorations du 8 mai ©AFP - Bertrand Guay
Emmanuel Macron et François Hollande aux commémorations du 8 mai ©AFP - Bertrand Guay
Emmanuel Macron et François Hollande aux commémorations du 8 mai ©AFP - Bertrand Guay
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Emmanuel Macron a été élu Président de la République // Le paysage politique est bouleversé à un mois des élections législatives

Avec
  • Nicolas Baverez Essayiste, éditorialiste au Point et au Figaro
  • Lionel Zinsou banquier d'affaires franco-béninois, ex Premier ministre du Bénin
  • Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.
  • Béatrice Giblin Géographe, professeure émérite à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris 8), et directrice de la revue Hérodote

EMMANUEL MACRON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Le candidat du mouvement En Marche ! a été élu le 7 mai Président de la République avec 66,10 % des suffrages exprimés. La dirigeante du Front National Marine Le Pen obtient 33,90 % des suffrages avec 10,6 millions de voix. Le parti d’extrême-droite réalise ainsi sa meilleure performance à une élection présidentielle.

Le Président élu a appelé ses soutiens rassemblés au Louvre à « faire preuve d’audace face à l’immensité de la tâche ». Il a affirmé ne pas prendre « comme un blanc-seing » le vote des électeurs qui ont souhaité faire barrage au Front National. Il a promis d’œuvrer pour que les soutiens de Marine Le Pen « n’aient bientôt plus aucune raison de voter pour les extrêmes ».

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Marine Le Pen a présenté son parti comme « la première force d’opposition » et remercié Nicolas Dupont-Aignant d’avoir permis par son ralliement l’émergence d’une « alliance patriote et républicaine ». Elle s’est félicitée d’une « décomposition majeure de la vie politique française par une élimination des partis anciens » et de l’émergence d’un « clivage entre les patriotes et les mondialistes ».

La campagne pour le deuxième tour de l’élection a été marquée par une confrontation intense entre les deux finalistes, notamment au cours du débat télévisé organisé le 3 mai. Marine Le Pen a qualifié son adversaire de « candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, du saccage économique de nos grands groupes, du communautarisme » et d’« enfant chéri du système et des élites ». Emmanuel Macron a accusé la candidate d’extrême-droite de « vivre de la peur et des mensonges, comme son père pendant des décennies » et l’a assimilé à un « parasite visant du système qu’il dénonce ». Cette confrontation a vu Marine Le Pen évoquer un hypothétique compte offshore d’Emmanuel Macron au Bahamas alors que des documents douteux accréditant cette allégation circulaient depuis peu sur Internet. L’équipe d’En Marche ! a également été la victime d’une attaque informatique qui a rendu public le contenu de plusieurs de ses messageries à quelques heure de la clôture de la campagne.

Les chiffres de l’abstention et des votes blancs et nuls ont été très commenté : 25,38 % des inscrits ne se sont pas rendus dans l’isoloir (résultat le plus élevé depuis 1969) et près de 12% des électeurs ont voté blanc ou nul. Ces résultats ont été repris par le candidat de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon qui a qualifié Emmanuel Macron de « Président minoritaire »

LE PAYSAGE POLITIQUE AVANT LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

L’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République a donné le coup d’envoi à la campagne pour les élections législatives.

La République en Marche a présenté jeudi dernier une liste de 428 candidats et suppléants investis par le mouvement selon des critères de « renouvellement, de parité, de probité, de pluralisme politique et de cohérence ». Son secrétaire général Richard Ferrand a souligné que 52 % des candidats sont issus de la « société civile » et que l’âge moyen des investis est de 46 ans. Le président du MoDem, François Bayrou, a d’abord refusé d’avaliser une « opération de recyclage du PS » avant de parvenir à un accord « respectueux des termes de l’alliance nouée » avec La République en Marche. Les noms des candidats désignés dans les 149 circonscriptions manquantes ne seront pas connus avant la semaine prochaine afin « de libérer un espace permettant la recomposition de la vie politique ». Certaines de ces circonscriptions sont déjà convoitées par des candidats LR comme Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et des proches d’Alain Juppé comme Gilles Boyer ou Franck Riester. Le chef de file des Républicains François Barouin a dénoncé des « tentatives de débauchages » et affirmé que sa formation était tournée vers l’objectif d’une majorité au Parlement.

Le Parti Socialiste aborde le futur scrutin dans une situation de crise : l’ancien Premier ministre Manuel Valls a affirmé que la formation était « morte » avant de se déclarer engagé pour la « victoire d’une majorité présidentielle », à défaut d’une investiture en bonne et due forme. Les dirigeants socialistes se sont prononcés pour une ligne d’ « autonomie constructive » vis à vis d’En Marche fondée sur une « plate-forme » largement expurgée du programme de Benoit Hamon. L’ancien candidat socialiste a annoncé le lancement d’un mouvement de « reconstruction d’une gauche inventive » qui rassemblerait socialistes, écologistes et communistes. Le parti est également menacé par La France Insoumise dont le leader, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé son intention de « remplacer » le PS, dont il affrontera à Marseille le député sortant de la 4ème circonscription des Bouches du Rhône, Patrick Mennucci.

Le Front National est secoué par la décision de la députée du Vaucluse Marion Maréchal Le Pen de ne pas se représenter pour des raisons privées. De nombreux commentateurs ont interprété ce départ comme le résultat de tensions avec Marine Le Pen et Florian Philippot après une campagne présidentielle qui a déçu de nombreux militants.

Brèves

Philippe MEYER a plaidé pour le maintien d'un Ministère de la Culture autonome

Nicolas BAVEREZ : La société de cour, de Norbert Elias (Flammarion, octobre 2008)

Béatrice GIBLIN : Le Marché halal ou l'invention d'une tradition, de Florence Bergeaud-Blackler (Seuil, janvier 2017)

Sylvie KAUFFMANN : Un été avec Machiavel, de Patrick Boucheron (Les Équateurs, mai 2017)

Lionel ZINSOU a évoqué l'importance de la future politique africaine d'Emmanuel Macron