France: la campagne des Européennes sur fond jaune // Brexit, divergences franco-allemandes: l'Europe des couacs ?

Theresa May / Emmanuel Macron & Angela Merkel /// Nathalie Loiseau / Marine Le Pen / Raphaël Glucksmann
Theresa May / Emmanuel Macron & Angela Merkel /// Nathalie Loiseau / Marine Le Pen / Raphaël Glucksmann ©AFP -  Frederick FLORIN / Ludovic MARIN / JOEL SAGET
Theresa May / Emmanuel Macron & Angela Merkel /// Nathalie Loiseau / Marine Le Pen / Raphaël Glucksmann ©AFP - Frederick FLORIN / Ludovic MARIN / JOEL SAGET
Theresa May / Emmanuel Macron & Angela Merkel /// Nathalie Loiseau / Marine Le Pen / Raphaël Glucksmann ©AFP - Frederick FLORIN / Ludovic MARIN / JOEL SAGET
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Analyse politique et géopolitique de la semaine avec l'économiste Daniel Cohen, la journaliste du Monde Sylvie Kauffmann, la sociologue Dominique Schnapper et l'ancien Ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine.

Avec
  • Dominique Schnapper sociologue et politologue, directrice d'étude à l'EHESS
  • Hubert Védrine diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand
  • Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École Normale Supérieure, Président de l'Ecole d'Economie de Paris
  • Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.

Introduction : Attaque terroriste en Nouvelle-Zélande

49 morts, au moins 48 personnes blessées après une attaque terroriste contre des mosquées néo zélandaises, le tueur ayant au préalable publié un manifeste raciste sur Twitter, avant de diffuser en direct des images vidéo de l’attaque. Son manifeste, intitulé « le grand remplacement », 73 pages, expliquait pourquoi le tireur allait s’en prendre à des musulmans. Avec référence claire aux thèses de l’écrivain français Renaud Camus sur la disparition des peuples européens remplacés selon lui par des populations non européennes immigrées, thèses qui connaissent une popularité grandissante dans les milieux d’extrême-droite. Dans ce même texte, le tireur déclare que le moment clef de sa radicalisation a été la défaite de Marine Le Pen à la présidentielle française de 2017 ainsi qu’une attaque au camion qui a fait 5 morts à Stockholm, en avril 2017.

Première partie : France: la campagne des Européennes sur fond jaune

Pour Marine Le Pen jeudi soir à la télévision, il s’agissait de justifier comment le parti lepéniste était passé en quelques mois d’un programme prônant la fin de l’Union européenne et de l’euro à la volonté d’y rester pour changer l’union de l’intérieur grâce à de nouveaux alliés, la Ligue de Matteo Salvini au pouvoir en Italie, le FPO au pouvoir en Autriche etc…des alliés qui devaient permettre de mettre en œuvre, je cite Marine Le Pen une « alliance européenne des nations ».

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La présidente du Rassemblement National qui devait aussi jeudi soir se re-crédibiliser après le naufrage de son débat de l’entre-deux tours de la Présidentielle, égrenant donc des mesures se voulant chiffrées et précises, sauf que ces mesures parlaient le plus souvent de la France et pas de l’Europe : une prime de pouvoir d’achat pour les Français touchant jusqu’à 1500 euros par mois, une hausse des salaires mais pas une hausse du SMIC, une baisse de 10% de l’impot sur le revenu des 3 premières tranches, le rétablissement de l’ISF…

Marine Le Pen bottant en touches lorsqu’on soulignait ses approximations, semblant gagner toujours le rapport de force dans la prise de parole, face à une ministre des affaires européennes Nathalie Loiseau qui en avait profité pour se porter candidate au poste de tête de liste LREM aux Européennes, bonne technicienne des sujets européens mais encore insuffisamment aguerrie aux joutes oratoires contre les populistes. Loiseau relativement impuissante face à une Marine Le Pen qui stérilisait les arguments rationnels de tous ceux qu’on lui présentait en face.

En définitive, on avait commencé par se réjouir que le débat des Européennes s’enclenche… avant de se demander si, dans le monde actuel, et compte tenu des forces en présence, il pouvait réellement et rationnellement avoir lieu ! Cacophonie de la politique européenne, cacophonie de la politique française, et en la matière, la gauche française avait cette semaine surclassé tout le monde !

Deuxième partie : Brexit, divergences franco-allemandes: l'Europe des couacs ?

Suivre l’actualité du parlement britannique cette semaine donnait un peu le vertige. Jour 1 : rejet de l’accord négocié avec les Européens pour divorcer en bons termes, jour 2 : rejet du principe de quitter l’Union européenne sans accord, jour 3 : décision d’aller demander un report de la date du divorce au 30 juin 2019. Les Européens se disant prêts à accepter de reporter le Brexit si Londres présentait une demande dûment motivée avant le 29 mars, date initialement prévue pour sa sortie de l’Union.Semaine cauchemardesque pour la chef du gouvernement britannique, avec des ministres de Son gouvernement et des députés de SON parti qui votaient contre ses avis. L’increvable et opiniâtre cheffe du Gouvernement britannique pouvait toujours dire qu’elle restait droite dans ses shoes, il y avait un signe qui trahissait peut-être pour elle ses limites : devant les députés, elle avait cette semaine perdu la voix !  Au même moment, en Allemagne, Angela Merkel, exprimait d’une voix claire, à l’occasion d’une conférence de presse avec son homologue letton, ses divergences avec le projet européen d’Emmanuel Macron, prônant notamment un siège unique au conseil de sécurité de l’ONU que refusait farouchement la France, s’opposant à la proposition française d’un salaire minimum européen, ou encore à toute mutualisation des dettes en Europe. Au fond, on assistait là au rappel cruel que France et Allemagne ne voyaient définitivement pas l’Europe de la même manière, la France croyant à une Europe-puissance, une Europe stratégique là où l’Allemagne défendait un statu quo qui lui avait jusque là parfaitement réussi.Enfin, à l’approche des Européennes, il y avait aussi la politique des partis qui reprenait ses droits, la République en marche faisant front commun avec les libéraux de l’euro-parlement tandis que la CDU de Merkel et de sa dauphine AKK faisaient campagne avec les conservateurs du parti populaire européen et donc aussi avec les Républicains de Laurent Wauquiez : les voies de la politique avaient souvent des ramifications tortueuses !

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