L'état de la gauche // l'Iran

Soutiens d'Hassan Rohani à Téhéran le 13 mai 2017
Soutiens d'Hassan Rohani à Téhéran le 13 mai 2017 ©AFP - Fatemeh Bahrani
Soutiens d'Hassan Rohani à Téhéran le 13 mai 2017 ©AFP - Fatemeh Bahrani
Soutiens d'Hassan Rohani à Téhéran le 13 mai 2017 ©AFP - Fatemeh Bahrani
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Les partis de gauche sont en difficulté avant les élections législatives // Hassan Rohani a été réélu à la tête de l'Iran

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L’ÉTAT DE LA GAUCHE

Avec 6,4% des voix, Benoît Hamon a enregistré le pire score du parti socialiste à une élection présidentielle depuis 1969. Avec un programme jugé mal ficelé en particulier sur la question du revenu universel, la victoire du candidat aux primaires de la Belle Alliance Populaire a été rejetée par de nombreux socialistes soit, pour les plus nombreux, qu’ils aient soutenu le candidat d’En Marche !.soit qu’ils lui aient préféré le leader de la France insoumise.

Le 9 mai, le PS s’est accordé sur une « plateforme programmatique pour une gauche constructive et exigeante », proposant une synthèse entre le bilan de François Hollande et une partie seulement du programme de Benoît Hamon. Cependant, une ligne d’autonomie a finalement été préférée à cette plateforme. Crédité de seulement 9% des intentions de vote (selon un sondage Ipsos Sopra Steria diffusé mardi), le parti socialiste se souvient avec crainte de son résultat aux élections législatives de 1993, lors desquelles il n’avait fait élire que 57 députés.

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La liste du P.S pour les prochaines élections du 11 juin comprend 60 % de candidats se présentant pour la première fois. Les socialistes sont présents dans plus de 400 circonscriptions, alors que les 177 autres sont briguées par leurs partenaires EELV, UDE et PRG. Le parti continue ainsi de se diviser entre une frange qui souhaite défendre ses valeurs socialistes à l’Assemblée nationale, et une autre favorable à une majorité présidentielle. Certains candidats, à l’image de Marisol Touraine et Myriam El Khomri, ont ouvertement affiché leur proximité avec la République en Marche au cours de leur campagne, bien qu’elles aient été investies par le parti socialiste. D’autres personnalités du parti ont critiqué l’aiguillage trop à droite du gouvernement Philippe. Pour Jean-Christophe Cambadélis, le PS ne pourrait être qu’une « caution de gauche » alors que Matignon et Bercy sont à droite. Tandis que plusieurs voix appellent à refonder le PS au lendemain des élections, Benoît Hamon a annoncé le prochain lancement de son propre mouvement trans-partisan composé d’écologistes, de socialistes, de communistes et de personnalités de la société civile.

La France Insoumise, portée par Jean-Luc Mélenchon, a enregistré un score historique au premier tour des élections présidentielles, avec 19,58% des voix. Après avoir refusé un accord avec le PCF, le mouvement est accusé de « cibler les bastions de la gauche » voire même du PC, des circonscriptions dites « faciles », plutôt que de s’opposer au Front National. La candidature de Jean-Luc Mélenchon dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône face à l’élu PS Patrick Mennucci est ainsi particulièrement critiquée. Les Insoumis, qui souhaitent une majorité pour « imposer une cohabitation à Emmanuel Macron » sont crédités de 11,5% des intentions de vote, devant EELV à 3% et le PCF à 2%.

L'IRAN

Hassan Rohani a été réélu Président de la République Islamique le 19 mai dés le premier tour avec 58% des voix. Le conservateur Ebrahim Raïssi, son principal adversaire, obtient 39,7 % des suffrages.

Le Président iranien s’est engagé à poursuivre « le chemin de l’interaction avec le monde, loin de la violence et de l’extrémisme » et à accorder d’avantage de liberté aux citoyens. Il a réaffirmé sa volonté de mettre fin au régime de résidence surveillée de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux figures réformistes du « mouvement vert » qui s’étaient opposées à la réélection du Président Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Il s’est engagé à négocier avec les pays occidentaux la levée des sanctions internationales qui frappent toujours l’Iran, malgré l’accord sur son programme nucléaire conclu en 2013.

L’économie a été au cœur de la campagne présidentielle, dans un contexte où 70% l’activité est directement ou indirectement dépendante de l’Etat et des fondations religieuses. Les retombées attendues de la reprise de la production de pétrole ne se sont pas concrétisées en raison de la chute des prix du baril de brut. Hassan Rohani s’est engagé « à libérer l’économie des rentes pétrolières et l’orienter vers la production » pour combattre le chômage qui touche 13% de la population et atteint un niveau de 40% chez les jeunes. L’Iran souffre toujours de l’interdiction américaine faite aux banques d’y financer des activités en dollars alors que le pays est en manque d’investissements.

La puissance chiite est au cœur des tensions qui traversent le Proche-Orient : elle soutient militairement le régime de Bachar Al Assad en Syrie et la rébellion houthiste au Yemen au grand dam des puissances sunnites de la région comme l’Arabie Saoudite et le Qatar. La politique étrangère de l’Iran est également une source d’inquiétude pour Israël : l’État hébreu s’oppose à son programme nucléaire et accuse Téhéran de soutenir la milice chiite libanaise Hezbollah qui menace sa frontière nord.

Donald Trump a appelé à « isoler » l’Iran au cours de son voyage en Arabie saoudite. Il l’a accusé d’ « attiser les feux du conflit sectaire et du terrorisme » et de répandre la destruction et le chaos dans la région ». En visite à Jérusalem, le Président des États-Unis a évoqué « une cause commune » entre Israël et ses voisins arabes face à la menace posée par Téhéran. Il a réaffirmé son opposition à tout programme nucléaire iranien à des fins militaires.

Le Président Rohani a dénoncé un « show sans aucune valeur politique » et affirmé que l’Iran continuera sa « lutte contre le terrorisme aux cotés des peuples irakiens et syriens ».

Brèves

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