L'état des droites en France - L'Italie de Matteo Renzi

France Culture
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L'état des droites en France

Depuis plusieurs semaines, les différentes composantes de la droite française connaissent une actualité agitée. Mardi 27 mai, Jean-François Copé a démissionné de la présidence de l’UMP. Cette décision faisait suite à sa mise en cause dans l’affaire Bygmalion. La veille, Jérôme Lavrilleux, bras droit de M. Copé et directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, avait confirmé les accusations formulées par Le Point en février dernier. Il a révélé que les contrats passés entre l’UMP et la société Bygmalion avaient servi à dissimuler le dépassement des frais de campagne de Nicolas Sarkozy. Une importante crise s’en est suivi à la direction de l’UMP. Le bureau politique du parti, réuni en urgence mardi 27 mai, a décidé d’en confier la présidence par intérim à trois anciens Premiers ministres : François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. Les proches de MM. Copé et Sarkozy ont quant à eux obtenu la nomination de Luc Chatel au secrétariat général du parti. Le prochain président du mouvement sera désigné en octobre. A ce jour, le principal parti d’opposition reste paralysé par les rivalités personnelles et politiques. Devant ces troubles, certains cadres du parti souhaitent le retour de Nicolas Sarkozy. Son implication dans le scandale Bygmalion et les accusations qui pèsent sur ses comptes de campagne pourraient cependant le tenir à l’écart du jeu politique.

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Le centre ne profite pas de la cacophonie qui règne à droite pour s’imposer sur la scène politique. La décision de Jean-Louis Borloo de se retirer de la vie politique en avril dernier a ébranlé la fragile unité des centristes. Comme l’UMP, l’UDI restera sans tête avant le prochain Congrès, dont la date a été fixée au 15 novembre. L’alliance entre l’UDI et le MoDem de François Bayrou est également remise en cause. La proposition d’Alain Juppé d’organiser des primaires communes à droite et au centre pour la présidentielle de 2017 a suscité des réactions désaccordées parmi les responsables politiques du centre.

Au Front National, la dernière déclaration antisémite de Jean-Marie Le Pen a vivement fait réagir les cadres du parti. Sa fille, Marine Le Pen, a qualifié cette déclaration de « faute politique ». En réponse, M. Le Pen a critiqué la stratégie électorale menée par sa fille. Dans un entretien à Paris Match, le président d’honneur du FN a ainsi déclaré : « L’extrême ne me fait pas peur ». Ce dernier dérapage est intervenu alors que Marine Le Pen était en pleines négociations afin de constituer un groupe au Parlement européen. Lundi 23 juin, son échec à réunir des élus de 7 pays différents a été officialisé. Les eurosceptiques britanniques du UKIP avaient déjà refusé de s’associer au FN. Leur leader Nigel Farage avait qualifié la formation française de parti antisémite et xénophobe. Malgré leur percée électorale, les eurodéputés frontistes auront donc une capacité d’action très limitée au Parlement européen.

L'Italie deMatteo Renzi

Mardi 24 juin, le président du Conseil italien Matteo Renzi, a présenté devant les parlementaires un ambitieux programme de réformes intitulé « Mille jours pour changer l'Italie et l'Europe ». Arrivé à la tête du gouvernement italien le 22 février après avoir provoqué la chute de son allié Enrico Letta, Matteo Renzi affirme vouloir réformer au plus vite. Il a annoncé le vote de la réforme électorale avant fin septembre 2014, de celles du Sénat et de la Constitution avant la fin 2015. L’Etat devrait commencer à rembourser sa dette de 30 milliards d’euros envers le secteur privé avant la fin de l’année. Matteo Renzi a également annoncé une baisse d’impôts pour les ménages les plus pauvres ainsi qu’une baisse de charges pour les entreprises et une simplification du code du travail. Le secrétaire d'État à la Présidence du Conseil des ministres, Graziano Delrio, affirme que le gouvernement de Matteo Renzi « réduira la dépense publique de 32 milliards d'euros (sur 800 milliards d'euros) en trois ans. » Du jamais vu dans un pays dont la dette s’élève à 133% du PIB. 85 000 postes devraient être supprimés dans la fonction publique d’ici trois ans. Une réforme territoriale qui prévoit la suppression des 110 provinces italiennes devrait détruire à elle seule 3 000 postes. La réforme électorale et institutionnelle prévoit de réduire considérablement les prérogatives du Sénat italien et d’en faire une « Chambre des autonomies » représentant les territoires. Elle simplifie également le système électoral italien en minorant le poids accordé au parti vainqueur des élections et augmentant le seuil de représentativité à 8%. Le nouveau système viserait également à favoriser la formation de coalitions.

Le jeune Matteo Renzi s’appuie sur une équipe gouvernementale resserrée ainsi que sur une popularité record. Le scrutin européen du 25 mai lui a apporté la légitimité nécessaire pour mener à bien ses réformes et pour proposer une alternative crédible sur la scène européenne. Recueillant près de 41% des suffrages, le Parti Démocrate de Renzi a connu un succès électoral qui tranche avec la sévère défaite infligée aux autres formations de la gauche européenne. Renzi apparaît donc comme le nouveau leader de la gauche européenne. A partir du 1er juillet, l’Italie prendra présidence du Conseil européen. Matteo Renzi veut saisir cette occasion de peser dans le jeu européen. Il défend, avec l’appui de François Hollande, une alternative à la politique d’austérité prônée par Bruxelles. La gauche européenne souhaite en effet une relance des investissements à l’échelle de l’Europe. Réunis à Paris samedi dernier, les responsables de la social-démocratie européenne ont décidé d’apporter leur soutien à Jean-Claude Juncker. Celui-ci brigue la présidence de la Commission européenne, mais le dirigeant britannique David Cameron s’oppose à sa nomination. Ce soutien au leader du PPE vise à consacrer l’élection du président de la Commission au suffrage universel. M. Juncker avait en effet été présenté par son parti comme le candidat à ce poste si le PPE remportait les élections. Matteo Renzi n’en a pas moins réaffirmé son intention d’infléchir la politique économique menée par Bruxelles et « faire des réformes structurelles le pilier d'un nouvel agenda politique européen ».

Invités

Michaela WIEGEL, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung

Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

Max GALLO, romancier et historien

Thierry PECH, directeuur général de la fondation Terra Nova

Brèves

Paul CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie - représentée au Théâtre des Bouffes du Nord dans une mise en scène d'Yves Beaunesne (jusqu'au 19 juillet 2014).

Hans-Georg HEUBER et Marie-Thérèse PIGNOLO, *Ne mâche pas tes mots * (Rowohlt Taschenbuch Verla, 1997)

Frédéric LORMIER, La Bravoure méconnue des soldats italiens (Altipresse, 2014).

Cour Européenne des Droits de l'Homme, arrêt Mennesson c. France (26/06/2014).

Qualification des sélections nationales française et algérienne au second tour du Mondial de football.