L'état du Parti Socialiste
Le Parti Socialiste a organisé plusieurs rendez-vous électoraux afin de préparer son Congrès, qui aura lieu du 5 au 7 juin à Poitiers.
Du fait du départ de près d’un quart des adhérents depuis le précédent congrès de Toulouse tenu en 2012, la base militante socialiste compte actuellement 131 000 personnes, dont 55% se sont rendues aux urnes le jeudi 21 mai. Les adhérents du PS étaient alors invités à se prononcer en faveur de la motion qui représente le mieux leurs aspirations politiques. 60% des suffrages se sont portés sur la motion A, dont le premier signataire est Jean-Christophe Cambadélis. Ce texte de compromis rassemble plusieurs sensibilités. Soutenu par le gouvernement, il a réuni les signatures du maire de Lyon Gérard Collomb – appartenant à l’aile droite du Parti Socialiste – ainsi que de l’ancienne adversaire de François Hollande aux primaires Martine Aubry. La motion B conduite par le député de la Nièvre Christian Paul, chef de file des élus dits « frondeurs », a récolté 29% des suffrages, devant la motion de Karine Berger, obtenant 9,5%.
Opposé à Christian Paul pour le poste de premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis a recueilli 70% des voix à l’issu du vote organisé jeudi dernier. Selon lui,* « Le PS s’est à travers ce vote entièrement converti à la culture de gouvernement ».*
Ces résultats ont provoqué des réactions variées dans les différents courants du PS et de ses alliés. Martine Aubry s’est déclarée « très heureuse » du résultat, ajoutant qu’ « il * faut faire entrer dans les faits ce qui est écrit dans cette motion* ». Le ministre du travail, de l’emploi, de la formation et du dialogue social François Rebsamen s’est lui réjoui qu’il existe une majorité incontestable en faveur de l’action gouvernementale. A l’inverse, les députés dits frondeurs insistent sur les divergences entre la ligne de l’exécutif et celle du parti. Le conseiller régional d’Ile de France Emmanuel Maurel constate ainsi que toutes les motions soumises au vote proposaient des mesures sur lesquelles le gouvernement ne s’engage pas, comme la réorientation du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et pour l’Emploi ou l’augmentation des dotations aux collectivités. L’ex-ministre de la culture Aurélie Filippetti a quant à elle raillé le score de 40 000 voix obtenu par la motion A qu’elle a qualifié de *« majorité de sous-préfecture * ». Les figures de gauche radicale Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon se sont déclarées favorables à un projet de gauche alternatif, ce dernier déclarant aux signataires de la motion B : « Avec 30%, vous ne changerez pas le PS, mais avec moi, vous pouvez encore changer le pays » .
Le danger de désunion de l'Union européenne
Le weekend dernier ont eu lieu simultanément les élections municipales espagnoles et l’élection du président de la République polonaise. En Espagne, le parti Podemos (« nous pouvons »), mouvement politique anti-austérité, opposé à une Europe libérale, est devenu la troisième force politique. Il a remporté les deux plus grandes villes du pays, Madrid et Barcelone. Cette victoire met fin au bipartisme en vigueur depuis 40 ans. En Pologne, le parti du conservateur Andrzej Duda a remporté l’élection présidentielle, avec 51.55% des voix. L’élection de cette mouvance politique, qualifiée de nationaliste, eurosceptique, voire europhobe, s’inscrit dans un mouvement plus large de montée de forces menaçant l’intégrité de l’Union Européenne.
Partout sur le Vieux Continent se manifeste l’expression d’un puissant courant de contestation des systèmes politiques dominants. En Pologne, Duda a été élu à la présidence de la République contre le candidat du parti de Donald Tusk, ancien Premier ministre et actuel président du Conseil européen. L’euroscepticisme s’exprime également en Grèce, où le parti anti-austérité d’Alexis Tsipras, Syriza, a remporté les élections de janvier dernier, mais aussi par les revendications du Sinn Fein irlandais ou de l’AfD allemand. Un référendum menace l’Union Européenne, proposant un « Brexit », ou la sortie de la Grande Bretagne du club des 28. Un sondage IFOP publié jeudi dernier par Le Figaro précise que 62% des Français voteraient non si le référendum de 2005 proposant l’instauration d’une Constitution européenne avait lieu aujourd’hui. S’ajoutent à ces problèmes la menace d’un Grexit, le drame des migrants, la crise ukrainienne, ou encore le risque d’une dérive ultra nationaliste en Hongrie.
Les Etats membres de l’union divergent sur plusieurs points. La question migratoire est au cœur des discussions avec Bruxelles. La remise en cause des droits des migrants européens au Royaume-Uni fait l’objet d’une négociation entre le Premier ministre fraichement réélu et l’UE. Ces préoccupations trouvent également un écho en Allemagne ou aux Pays-Bas, où la question des effets pervers de la libre circulation des personnes est devenue une question politique. Selon l’agence européenne Frontex, les « franchissements illégaux » vers l’Europe ont presque triplé entre 2013 et 2014, atteignant 274 000 personnes. La France et d’autres pays européens dénoncent la proposition de la Commission européenne de répartir 20 000 réfugiés parmi les 28 pays membres.
Ces différentes dynamiques dessinent une Europe à plusieurs vitesses. La chancelière allemande Angela Merkel et François Hollande poussent dans le sens d’un approfondissement de l’union, alors que le chef du gouvernement britannique souhaite une modification des traités européens et appelle au contraire à rapatrier certaines compétences vers les capitales . David Cameron a entamé jeudi dernier une tournée auprès des dirigeants européens afin d’aborder ces différentes questionsA ce sujet l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi a déclaré : « Une Europe sans la Grande-Bretagne serait donc une Europe plus faible... mais également plus homogène ».
Invités
Michaela WIEGEL, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung
Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris
François BUJON DE L’ESTANG, ambassadeur de France
Thierry PECH, directeur général de la fondation Terra Nova
Brèves
Sébastien VANNIER, Les Allemands décomplexés (HD ateliers Henry Dougier, 2015)
Antoine BERTRANDY, Vers Compostelle (Transboréal, 2015)
Giulio RICCIARELLI*, Le labyrinthe du silence (* 2015*)*
Keith JARRETH, Création (ECM Records, 2015)
L'équipe
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