La Chine, la Russie et l'Iran verrouillent Internet... Que feront les démocraties ?

Internet, un enjeu de souveraineté. Téhéran, Pékin et Moscou verrouillent leurs réseaux sociaux : quelle réponse des démocraties ?
Internet, un enjeu de souveraineté. Téhéran, Pékin et Moscou verrouillent leurs réseaux sociaux : quelle réponse des démocraties ? ©Getty -  filo
Internet, un enjeu de souveraineté. Téhéran, Pékin et Moscou verrouillent leurs réseaux sociaux : quelle réponse des démocraties ? ©Getty - filo
Internet, un enjeu de souveraineté. Téhéran, Pékin et Moscou verrouillent leurs réseaux sociaux : quelle réponse des démocraties ? ©Getty - filo
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C'est désormais sur le terrain du Cyber que se jouent les guerres d’influence, de valeurs, de récits, de modèles de civilisation. Des guerres que la pandémie de Covid 19 a exacerbées, à la vitesse de l’éclair, à la vitesse du numérique.

Avec
  • Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Aurélie Filippetti Femme politique, romancière, ancienne ministre de la Culture dans les gouvernements Ayrault puis Valls
  • Christine Ockrent Journaliste et productrice de l'émission "Affaires étrangères" sur France Culture
  • Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.

Le journal Le Monde a consacré cette semaine un grand dossier à la mise sous contrôle d’internet, par 3 régimes autoritaires.

L’Iran tout d’abord : de fait, il y existe depuis presque 10 ans une stratégie des autorités qui consistent à concevoir un internet national de plus en plus efficace, avec des applications, des moteurs de recherche, des messageries, copiés sur les modèles étrangers et des données enregistrées sur des serveurs auxquels les autorités ont un accès total, ce qui leur permet de poursuivre et condamner toute opposition ou propos jugés dérangeants qui s’y expriment. En Iran, l’’accès à « l’internet mondial » est encore possible mais plus contraint, sur un plan tarifaire notamment, et avec ce phénomène des coupures d’accès en période de mouvements sociaux qui isolent alors le pays du reste de la planète. 

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En Russie, le correspondant du journal à Moscou Benoît Vitkine, rapportait jeudi que la stratégie numérique était globalement la même mais habillée, justifiée différemment : le Kremlin parle de « défense de sa souveraineté », de sa « cybersécurité », surveille et censure les réseaux sociaux au nom de la « lutte contre la pédopornographie ». Mais la Russie de Poutine n’a pas les moyens de se passer pour l’instant des réseaux web mondiaux car les infrastructures russes sont encore très connectées au monde extérieur. De quoi laisser encore la possibilité aux vidéos Youtube du clan Navalny d’être visionnées des millions de fois, mais jusqu’à quand ?

Au fond, tout se passe comme si Téhéran et Moscou n’avaient pour l’heure ni intérêt ni possibilité d’aller aussi loin que Pékin, leader mondial incontesté dans sa stratégie de grand verrouillage du net, imposant notamment son fameux WeChat : cette plateforme unique qui rassemble les versions chinoises de Hotmail, Facebook, Instagram, Messenger, What’s app, Tinder, Uber, Amazon, Google… le système disposant de son propre système de paiement pour que l’utilisateur puisse y acheter directement tout ce qu’il souhaite : système génial et totalitaire -au sens d’englober la totalité des éléments d’un ensemble-, œuvre de Tencent, 12 e plus grosse entreprise au monde.

De quoi obliger les démocraties attachées à l’Etat de droit à définir leur stratégie numérique, défensive et offensive, puisque c’est désormais sur ce terrain là, le Cyber, que se jouent les guerres d’influence, de valeurs, de récits, de modèles de civilisation, ces guerres que la pandémie de covid 19 a exacerbées, à la vitesse de l’éclair,  à la vitesse du numérique.

Vous pouvez retrouver ici l'émission intégrale.

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