Les menaces extérieures qui pèsent sur l'Union Européenne

L'Union Européenne face au désordre du monde
L'Union Européenne face au désordre du monde ©AFP
L'Union Européenne face au désordre du monde ©AFP
L'Union Européenne face au désordre du monde ©AFP
Publicité

La Russie menace d'envahir l'Ukraine depuis plusieurs mois. L'Union Européenne l'a mise en garde à plusieurs reprises contre une invasion du pays. Pour contrer l'influence économique de la Chine, l'UE a lancé le plan Global Gateway...

Avec
  • Bertrand Badie Politiste, spécialiste des relations internationales
  • Brice Couturier Journaliste, producteur jusqu'en juin 2021 de la chronique "Le Tour du monde des idées" sur France Culture
  • Hubert Védrine diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand
  • Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.

Ce samedi 1er janvier, la France a pris la présidence du conseil de l'Union Européenne en succédant à la Slovénie. Pendant 6 mois, elle sera chargée de fixer les objectifs de l'UE. Mais en réalité, la présidence du conseil de l'UE est assurée par un triplet. Trois États, la France, la Suède et la Tchéquie vont donc gérer de manière coordonnée les présidences des 18 prochains mois. Cette présidence coïncide avec la  présidence allemande du G7 pour un an.

Favoriser la souveraineté de l'UE 

Le président de la République a commencé son discours le 9 décembre en soulignant les crises actuelles, notamment climatique et migratoire, et les « tentatives de déstabilisation de nos démocraties ». [...] « _Face à toutes ces crises qui percutent l'Europe, nombreux sont ceux qui voudraient s'en remettre aux seules Nations […] L'unité européenne est indispensable »._Face à la concurrence des Etats-Unis et de la Chine au niveau économique et technologique, Emmanuel Macron a déclaré que "l'action d'un Etat n'est pas la bonne échelle". Il plaide pour un "nouveau modèle de croissance et d'investissements" européen avec l'organisation d'un sommet sur le sujet les 10 et 11 mars. Le président a aussi plaidé pour une réforme des règles budgétaires européennes afin de favoriser les investissements nécessaires à l'affirmation de cette souveraineté et à l'adaptation de l'économie au changement climatique. "Nous devons passer d'une Europe de coopération à l'intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin. La cheffe de la diplomatie Allemande Annalena Baerbock assurait vendredi 31 décembre la France de son soutien : « Nos amis français peuvent compter sur notre soutien du premier au  dernier jour pour poser les bons jalons au sein de l’UE : pour une  reprise économique durable, dans la lutte contre la crise climatique,  dans la numérisation et pour une Europe plus souveraine dans le monde ». Un soutien de taille puisque cette présidence coïncide avec la présidence allemande du G7 pour un an.

Publicité

Miser sur l'Afrique

Au menu également de ce jeudi 9 décembre, l'annonce de la tenue d'un sommet entre l'Union européenne et l'Afrique le 17-18 février à Bruxelles. « Une autre de nos priorités sera la stabilité et la prospérité de notre voisinage. La relation entre l’Afrique et l’Europe sera structurante à plusieurs égards : économiques et de paix. Il faut bâtir un avenir à la jeunesse africaine ». Le but de ce sommet « refonder en profondeur » la relation « un peu fatiguée » entre les deux continents. Des initiatives seront lancées pour définir une stratégie avec des régions voisines : l'Afrique, avec qui le président souhaite un « new deal économique et financier » et renforcer la coopération dans la santé, le climat et la sécurité, ainsi que les Balkans occidentaux.

Le Global Gateway

Pour contrer l’influence grandissante de la Chine et ses projets d’infrastructures à travers le monde (les « Nouvelles routes de la soie »), l’UE a annoncé lundi 1er décembre mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’ici à 2027 dans un nouveau plan baptisé « Global Gateway ». Dans le cadre de ce programme, la Chine a fourni des fonds pour des chemins de fer, des routes et des ports en divers endroits, mais elle est accusée de laisser certains pays crouler sous les dettes. Le chef de la commission Européenne a souligné que les pays ont besoin de "partenaires fiables" pour concevoir des projets durables. Global Gateway se décline en cinq axes : le digital, le transport, le climat et l'énergie, la santé, et l'éducation et la recherche.

L'outil anti-coercition de l'Union Européenne

Bruxelles a dévoilé mercredi 29 décembre un projet de nouvel instrument qui permettrait de punir rapidement tout pays utilisant des sanctions économiques contre l'Union européenne ou un de ses membres pour exercer des pressions politiques. À l’heure actuelle, la prise de décision en matière de politique étrangère européenne requiert l'unanimité des 27 États membres, ce qui rend difficile une réponse efficace en cas de crise, chaque pays ayant tendance à défendre ses intérêts propres. D'où l'idée de concentrer de nouveaux pouvoirs au sein de l'exécutif européen à Bruxelles. Le nouvel «outil anti-coercition» permettrait le recours à différentes armes de rétorsion, comme le gel de l'accès aux marchés publics, le blocage d'autorisations de mise sur le marché de certains produits, l'interdiction de participer à des projets de recherche financés par l'UE, ou encore des mesures visant les investissements en Europe ou des droits de propriété intellectuelle. Les sanctions se veulent cependant avant tout un outil de dissuasion, utilisables en dernier recours.

La crise Ukrainienne

Depuis plusieurs mois, la Russie a massé environ 100 0000 soldats à la frontière russo-ukrainienne en prévision d'une potentielle invasion. L'Otan et l'UE ont mis en garde Moscou contre de lourdes conséquences en cas d'intervention militaire. L’Alliance a rejeté la demande de la Russie de fermer la porte de l’adhésion à l’Ukraine. Les dirigeants européens ont, eux, reconduit pour six mois les sanctions à l’encontre de Moscou. Mais malgré les sanctions prises, la partie semble se jouer plutôt entre les Etats-Unis et la Russie. Jeudi 30 décembre, Joe Biden et Vladimir Poutine ont échangé au téléphone. Le président des États-Unis a menacé son homologue de Moscou d'une réponse ferme à toute invasion russe en Ukraine. De son côté, le chef d'État russe a affirmé que de nouvelles sanctions contre Moscou seraient "une erreur colossale". Prochaine étape : une rencontre le 10 janvier à Genève avant une réunion entre la Russie et l’OTAN, à Bruxelles, le 12 janvier.
 

L'équipe