

A chaque président, sa politique mémorielle. Mais quel est le but de ce devoir de mémoire ? Pourquoi les politiques s'emparent ils de l'histoire ?
- Pascal Blanchard Historien, chercheur au CNRS au Laboratoire communication et politique, spécialiste du "fait colonial" et des immigrations en France
- Jean-Noël Jeanneney Historien, ancien président de Radio France
- Christine Ockrent Journaliste et productrice de l'émission "Affaires étrangères" sur France Culture
- Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.
Politique mémorielle : Emmanuel Macron va plus loin que ces prédécesseurs
Depuis le début de son quinquennat, le président de la république essaye d'être dans une politique de réconciliation mémorielle. De notre histoire coloniale, il fera une forme de reconnaissance presque de repentance. Au début de son quinquennat, Emmanuel Macron avait eu une formule maladroite : «La colonisation est un crime, un crime contre l’humanité et une vraie barbarie. En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé.» Quelques jours plus tard, il précise que les harkis «ont été les victimes de la trahison de l’État français». Il y a eu ensuite le rapport de la mission Stora sur la mémoire de la guerre d'Algérie, le rapport Duclert sur le génocide du Rwanda". Enfin, il y a eu la reconnaissant d'"une dette" de la France à l'égard de la Polynésie française après les essais nucléaires menés pendant 30 ans dans le Pacifique. Enfin Emmanuel Macron a souhaité commémorer des hommes controversés de l'histoire de France comme le maréchal Pétain, Napoléon Bonaparte...
Les politiques et l'histoire
Depuis les années 2000, un mouvement anti-repentance gagne du terrain en France. Il consiste à dénoncer tout acte de reconnaissance de fautes de l'Etat français comme un acte antinational. Ce discours se politise fortement à partir de 2007 avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, mis en avant par ses proches, Patrick Buisson et Henri Guaino, qui entendent marquer une rupture avec la politique mémorielle de Jacques Chirac. Au lieu de constamment s'excuser, ils estiment qu'il faut être fier de l'histoire nationale. François Fillon fera d'ailleurs sienne, en 2017, cette offensive sur le récit national. Le message est clair : les Français ne doivent pas avoir honte de l'histoire nationale et il faut transmettre à la jeunesse les pages glorieuses de leur passé. Ce propos fait encore aujourd'hui consensus au sein d'une partie de la droite et de l'extrême-droite. Eric Zemmour s'inscrit dans cette perspective, tout comme Philippe de Villiers.
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