La situation économique de sortie de crise, le bilan économique du quinquennat et les perspectives

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron ©AFP - LUDOVIC MARIN / AFP / POOL
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Selon la Banque de France, la croissance pourrait atteindre 6,75% en 2021, contre 6,3% initialement prévu. L'Insee pointe un taux de chômage au plus bas depuis 13 ans et devrait atteindre 7,6% d'ici la fin de l'année. Quel est la situation économique de la France ?

Avec
  • Monique Canto-Sperber Philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne directrice de l’ENS et ancienne présidente de l'université Paris sciences et lettres (PSL), auteure de plusieurs ouvrages de philosophie antique et philosophie morale contemporaine
  • Frédéric Worms Professeur de philosophie contemporaine, directeur de l’Ecole Normale Supérieure, producteur à France Culture
  • Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École Normale Supérieure, Président de l'Ecole d'Economie de Paris
  • Thierry Pech Directeur général de Terra Nova

Mardi soir, lors de son allocution télévisée, le président de la République a vanté son bilan économique. Mais qu'en est il réellement ?

Une croissance en hausse

Selon la Banque de France, la croissance pourrait atteindre 6,75% en 2021, contre 6,3% initialement prévu. Fin octobre, l'Insee avait déjà indiqué qu'après la très bonne performance de l'économie française au troisième trimestre, avec une progression du PIB de 3%, la croissance atteindrait au moins 6,6% sur l'ensemble de 2021. Du jamais vu depuis 1969. Cette conjoncture favorable entraîne une baisse du taux de chômage. Il est au plus bas depuis 13 ans et devrait atteindre 7,6% d'ici la fin de l'année, rappelait l'Insee début octobre. 

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Selon une étude publiée par l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) mercredi 13 octobre, la croissance de l'économie française en 2022 pourrait encore être tirée par la consommation si les Français dépensaient l'immense épargne accumulée pendant les périodes de confinement, estimée à 151 milliards d'euros par les économistes. Selon les experts, si une partie de cette épargne était fléchée vers la consommation, le rebond pour l'an prochain pourrait atteindre 6,2% au lieu de 4%.

Pourtant les Français perçoivent une baisse de leur pourvoir d'achat ...

Selon une étude réalisée en octobre, 75% des Français estiment que leur pouvoir d’achat a baissé depuis un an. Des prix à la consommation qui augmentent, des factures d'électricité plus chères, une pénurie de matières premières : la reprise est déjà sous tensions. Face à cette situation économique compliquée, de nombreux français ont puisé dans leur épargne (52 %) alors que d’autres ont été contraints de prendre un crédit à la consommation (14 %).

Des mesures d'aides pour les Français

Pour aider les Français, Emmanuel Macron a mis en place de nombreuses mesures depuis la crise du Covid-19. 

Un chèque énergie de 100 euros dont 6 millions de ménage bénéficient, une indemnité inflation de 100 euros pour 38 millions de français qui touchent moins de 2000 euros net par mois, la suppression progressive de la taxe d’habitation des résidences principales qui va se poursuivre en 2022, la prime Macron pour les salariés qui gagnent moins de 4768,41 euros bruts mensuels, la défiscalisation des heures supplémentaires et des pourboires : autant de mesures pour faire face à la hausse des prix de l'énergie, du carburant et du coût de la vie. 

Le gouvernement n'oublie pas les entreprises avec les prêts garantie par l'état (plus de 690 000 PGE ont été accordés pour plus de 140 milliards d'euros) permettant de renflouer la trésorerie des entreprises face à une chute brutale de leur activité depuis mars 2020. Pour répondre à l'urgence, le gouvernement avait mis en place un dispositif exceptionnel de garanties pouvant aller jusqu'à 300 milliards d'euros.

La valeur travail

Pour aider les jeunes à s'insérer sur le marché du travail, le chef de l'État a annoncé le lancement au 1er mars 2022 d'un contrat d'engagement jeune, proposant aux moins de 26 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois une allocation allant jusqu'à 500 euros par mois en échange de 15 à 20 heures par semaine de formation ou d'accompagnement. Le gouvernement prévoit qu'au moins 400.000 jeunes en soient bénéficiaires en 2022 et une enveloppe de 2,55 milliards pour cette même année.

Mais pour le chef de l'État, il est hors de question d'assister les Français. En 30 minutes mardi soir, Emmanuel Macron a prononcé 20 fois l'expression "valeur travail". Lui qui avait déjà porté la réforme de l'assurance chômage a fustigé des "centaines d’offres d’emploi non pourvues", alors que trois millions de personnes sont encore au chômage. Il souhaite donc un renforcement du contrôle des chômeurs. Un tour de vis qui fait suite à un durcissement des conditions d'accès aux indemnités chômage déjà en vigueur depuis 2018. Il faudra avoir travaillé 6 mois contre 4 mois jusqu'à présent pour y prétendre. La dégressivité de l'allocation sera effective après 6 mois contre 8 mois aujourd'hui, pour les salaires de plus de 4500 euros par mois. Il a aussi annoncé que le versement des allocations-chômage serait suspendu pour les demandeurs d'emploi qui ne sont pas considérés comme étant en recherche active.

Egalement dans les papiers de l'Elysée, la réforme des retraites mais selon le chef de l'État, les conditions pour sa mise en œuvre ne sont pas réunies. Mais dès 2022, il compte bien s'attaquer à cette réforme qu'il avait promise. Quelques pistes sont déjà évoquées : il faudra travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal, aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, harmoniser les règles entre public et privé et faire en sorte qu’au terme d’une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1 000 euros.