La situation politique en Turquie - Les élections municipales de 2014 à Paris, Marseille et Lyon

France Culture
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La situation politique en Turquie

Mercredi, le Premier Ministre du gouvernement turc, Recep Erdogan, a reçu une délégation de représentants du mouvement de contestation qui agite son pays. La veille, les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises sur la place Taksim à Istanbul pour déloger les protestataires. Solidarité Taksim, mouvement qui regroupe 116 partis et associations pour la préservation du parc Gezi, destiné à être détruit, a déclaré dans un communiqué que « ces rencontres n’[auraient] aucun résultat tant que la police continuera d’utiliser une violence impitoyable ».

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Depuis le 28 mai, des milliers de manifestants stambouliotes s’opposent au projet de réaménagement de la place Taksim et du parc Gezi à Istanbul. Le 31 mai la police était intervenue pour disperser par la force les contestataires installés sur la place. De violents affrontements ont eu lieu et la mobilisation s’est étendue à d’autres villes turques, notamment à Ankara. «Ce n’est pas une bande de pillards qui va me faire reculer » avait déclaré M. Erdogan en voyage dans plusieurs pays du Maghreb, soulignant que la « nation exprim[ait] son choix » tous les quatre ans. « Une démocratie ne signifie pas seulement une victoire aux élections » a déclaré le Président de la République, Abdullah Gül, tandis que le vice-premier ministre, Bülent Arinç a regretté l’usage de gaz lacrymogènes. A son retour en Turquie le 6 juin, M. Erdogan a été accueilli par des milliers de militants de l’AKP, parti pour la justice et le développement, et a appelé à la fin « immédiate» des manifestations. «A partir de maintenant nous n’aurons plus aucune tolérance pour [ceux qui veulent poursuivre les incidents]», a déclaré le Premier Ministre le 11 juin. Le même jour, 73 avocats ont été interpellés lors de protestations anti-gouvernementales. Les manifestations ont repris le 12 à Istanbul et dans la capitale. Jeudi, à Ankara, M. Erdogan a lancé un «dernier avertissement », et a déclaré que sa « patience touch[ait] à sa fin ». Les manifestations ont fait 5.000 blessés et provoqué la mort de quatre personnes.

Le 3 juin, le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est dit « inquiet » de l’usage « excessif de la force », et le président du Parlement européen Martin Schulz a jugé que la « sévérité dont a fait preuve la police [était] disproportionnée ». Le commissaire européen à l’Elargissement, Stefan Füle, a appelé la Turquie à « ne pas abandonner ses valeurs de liberté et de respect des droits de l’homme », ajoutant que le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE n’était pas suspendu. Des négociations pour l’admission de la Turquie sont en cours depuis 2005.

Outre le réaménagement de la place Taksim, le Premier Ministre turc porte d’autres projets controversés, notamment le « Kanal Istanbul » prévu pour 2023, ainsi que la construction d’une mosquée qu’il avait annoncée au printemps 2012. Le 10 juin, le président turc promulguait une loi portée par le gouvernement restreignant la consommation et la vente d’alcool en Turquie. L’AKP, au pouvoir depuis 2002, a remporté les élections législatives en 2007 puis en 2011 avec 49,9% des voix. Des élections municipales auront lieu en mai 2014, et l’élection présidentielle, la première au suffrage universel direct, aura lieu à l’automne 2014.

Les élections municipales de 2014 à Paris, Marseille et Lyon

Les élections municipales auront lieu en mars. A Paris, Marseille et Lyon, depuis la loi du 31 décembre 1982, le scrutin est organisé par arrondissements. Nathalie Kosciusko-Morizet a remporté le 3 juin les primaires ouvertes à tous les Parisiens, recueillant 58,16% des 20.074 voix exprimées dans un scrutin dont la sincérité a été mise en cause par ses trois compétiteurs.. « Je suis la candidate choisie par les Parisiens à une large majorité face à une candidate désignée par l’appareil », a déclaré Mme Kosciusko-Morizet. Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris Bertrand Delanoë, a recueilli 98% du vote des militants socialistes sans avoir à affronter de concurrent.. Le 8 juin, Christophe Najdovksi, adjoint au maire, a été désigné par les militants d’EE-LV, tandis que Cécile Duflot déclarait le 5 juin qu’elle répondrait « en temps et en heure » à la question de savoir si elle se présenterait ou non. La semaine dernière, le secrétaire national du PCF reconnaissait qu’il existait un « débat » au sein du Front de gauche sur la présentation de listes autonomes. Marielle de Sarnez a annoncé fin mars qu’elle serait candidate du Modem et Mme Kosciusko-Morizet a déclaré souhaiter « des listes communes » avec l’UDI. Elle a soutenu la proposition de Bernard Debré d’élire le maire de Paris au suffrage universel direct. Les Parisiens, comme les Lyonnais et les Marseillais élisent en effet 517 conseillers d’arrondissement, dont les 163 premiers siègent au Conseil de Paris et élisent le maire. Le nombre de conseillers par arrondissement est fixé en proportion du nombre d’habitants. Le 6 juin, Mme Morizet a soutenu Le Conseil Constitutionnel a imposé une nouvelle répartition du nombre de conseillers par arrondissements, du fait de l’évolution du nombre d’habitants dans la capitale. Mi-mai, le nouveau tableau proposé par le Ministre de l’Intérieur, qui proposait de retirer un siège aux 7ème, 16ème et 17ème arrondissement pour en ajouter un aux 10ème, 19ème et 20ème arrondissement, a été censuré par le Conseil. Le gouvernement s’est engagé à proposer une nouvelle répartition d’ici au mois de juillet.

A Marseille, Jean-Claude Gaudin, maire UMP depuis 1995, n’a pas encore décidé s’il comptait briguer un 4ème mandat. Marie-Arlette Carlotti, Ministre socialiste déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, a annoncé début mai qu’elle serait candidate aux primaires à gauche qui se tiendront en octobre. Elle devrait y affronter Samia Ghali, maire du 8ème secteur ; Eugène Caselli, président de la communauté urbaine ; et les députés Patrick Mennucci et Henri Jibrayel. Stéphane Rivier sera tête de liste du Front National. Aux législatives de 2012, M.. Rivier avait été battu par Sylvie Andrieux, vice-présidente socialiste de la Région Rhône-Alpes condamnée en mai pour détournement de fonds public, par 700 voix d’écart. A Lyon, le conseiller municipal Michel Havard a remporté dimanche dernier le second tour de la primaire UMP. Il affrontera le maire socialiste Gérard Collomb, qui briguera un 3ème mandat.

Invités

Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

Max GALLO, romancier et historien

Eric LE BOUCHER, éditorialiste des Echos et co-fondateur du site Slate.fr

Thierry PECH, directeur de la rédaction d’Alternatives économiques

Brèves

  • Revue Catholique Internationale Communio, mai-août 2013, L’Eglise et la Grande Guerre