

Dans l'Esprit Public ce dimanche, Emilie Aubry reçoit la philosophe Monique Canto-Sperber, l'économiste Daniel Cohen, l'éditorialiste au Monde Sylvie Kauffmann, et le politologue Dominique Reynié.
- Monique Canto-Sperber Philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne directrice de l’ENS et ancienne présidente de l'université Paris sciences et lettres (PSL), auteure de plusieurs ouvrages de philosophie antique et philosophie morale contemporaine
- Dominique Reynié Politologue. Professeur des Universités à Sciences Po.
- Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École Normale Supérieure, Président de l'Ecole d'Economie de Paris
- Sylvie Kauffmann Directrice éditoriale au journal Le Monde. Spécialiste notamment des questions internationales.
La vacance de Monsieur Hulot : où est la faille ?

Comment fallait-il lire ces deux images juxtaposées ? Celle d’un Nicolas Hulot menton tremblant et voix pleine de larmes quittant cette semaine le ministère de l’Environnement et celle de son successeur le lendemain sur France Inter, François de Rugy, tout en maîtrise de lui-même et de son discours.
D’un côté un Hulot venu de la société civile, tourmenté, habité par le sort de la planète après un été d’incendies et de canicules, rêvant d’un changement de modèle, de l’autre un Rugy élu de longue date assumant depuis des années une vision moins idéologique et plus pragmatique de l’écologie, acceptant l’idée des petits pas, intégrant une temporalité politique nécessairement longue. D’un côté une éthique de la conviction, de l’autre une éthique de la responsabilité, aurait peut-être résumé Max Weber, souvent cité cette semaine.
D’autres s’étaient souvenu ces derniers jours de cet aphorisme de Romain Gary : « Dans la vie, toutes les réussites sont des échecs qui ont raté » : vision laborieuse de l’existence qui convenait assez bien à la rentrée cauchemardesque de la majorité au pouvoir : le président découvrant ce moment douloureux d’un quinquennat où le carrosse redevient citrouille, où le candidat investi par le peuple devient un homme comme un autre. Et si Jupiter entravé n’était plus vraiment Jupiter, avait écrit Françoise Fressoz dans le Monde ? L’heure était aux doutes et chacun y allait de sa recommandation : l’économiste Jean Pisany Ferry disait qu’il fallait changer de méthode, le ministre de l’intérieur Gérard Collomb soulignait un manque d’humilité de exécutif… Après la vacance de Mr Hulot : qui savait dire où était et quelle était la faille ?
Chine : Xi Jinping en route vers le leadership mondial ?

Des dizaines de danseuses en costume traditionnel formant une haie d’honneur pour accueillir les 53 chefs d’état et de gouvernement africains invités cette semaine à Pékin ! et un concours de sourires réjouis ! Il faut dire qu’en diplomatie aussi, le bonheur c’est simple comme un gros chèque, en l’occurrence ici un très gros chèque : 52 milliards d’euros promis par Xi Jiping pour le développement de l’Afrique. Cette Chine qui chaque jour, semblait de plus en plus tisser cette toile infiniment habile, discrète et efficace, qui la conduisait à ne plus être seulement une superpuissance économique, mais aussi une puissance diplomatique qui se mettait à donner le LA des grands événements internationaux, parlant multilatéralisme quand l’Amérique de Donald Trump ne le faisait plus – même s’il n’était pas sûr que Xi Jiping donnât à ce mot la même signification que les occidentaux - une puissance chinoise installant sa première base militaire hors de ses frontières à Djibouti, une Chine devenant premier pays fournisseur de casques bleus à l’ONU, et puis surtout une Chine arrangeante comme tout avec tout le monde, promettant aux états africains son aide mais en précisant qu’elle ne demanderait en retour aucun droit de regard sur les affaires intérieures. Arrangeante comme tout également avec la Russie de Vladimir Poutine, qu’elle se préparait à aider pour reconstruire la Syrie en ruines, dès lors que la dernière poche de résistance d’Idlib serait écrasée.
Pendant ce temps, Donald Trump semblait perdre de vue ce qui avait été l’un des credo du maître de la diplomatie américaine Henry Kissinger : toujours faire en sorte que l’Amérique soit plus proche de la Russie et de la Chine que ces deux nations orientales pouvaient l’être entre elles. Désormais Trump se fâchait avec tout le monde, davantage préoccupé à traquer la taupe qui avait dénoncé dans le New York Times la folie de sa présidence qu’à sauver ce qu’il restait à l’Amérique de leadership mondial.
Alors à la question : qui désormais dirigeait le monde ? il n’existait plus de réponse simple…
L'équipe
- Production
- Production
- Collaboration